Grèce : les dernières heures du gouvernement Tsipras ?

Yanis Varoufakis Alexis Tsipras
Yanis Varoufakis et Alexis Tsipras © LOUISA GOULIAMAKI / AFP
  • Copié
, modifié à
Dans le camp des créanciers comme dans celui des Grecs, l'idée d'une démission après le référendum fait son chemin.

"Nous pourrions démissionner". Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a déclaré jeudi que le gouvernement de Syriza (gauche radicale) pourrait quitter ses fonctions après le référendum de dimanche. Le 5 juillet, le peuple grec doit se prononcer sur les réformes proposées par les créanciers du pays. Depuis le début de la semaine, le gouvernement d'Alexis Tsipras défend bec et ongles un rejet de ces réformes. Si le "oui" l'emporte, l'exécutif se verrait obligé d'orchestrer une austérité qu'il a toujours combattue. Ou de démissionner.

Une démission en "esprit de coopération". "Nous pourrions démissionner mais nous le ferons en esprit de coopération avec ceux qui prendront le relais après nous", a ainsi déclaré le ministre des Finances jeudi à une radio australienne. "Nous croyons que le verdict du peuple doit être respecté", a ajouté Yanis Varoufakis. Il y a deux jours, Alexis Tsipras lui-même avait déjà mis sa démission dans la balance. "Je ne suis pas un Premier ministre qui reste en place qu'il pleuve ou qu'il vente", avait-il affirmé, interrogé sur son éventuelle démission en cas de "oui".

Un calcul des créanciers ? À en croire certaines voix, les créanciers ne seraient d'ailleurs pas opposés à l'idée de négocier avec un autre interlocuteur. "Certains (créanciers) plaident encore pour laisser la porte ouverte et poursuivre le dialogue avec Athènes. Ils sont à gauche. D'autres ne veulent plus rien faire jusqu'au dimanche  5, certains, parmi eux, espérant qu'un 'oui' fera perdre Tsipras et l'obligera à céder sa place et à la remettre aux conservateurs grecs ", décryptait, mardi matin, une source proche des créanciers citée par le journal Le Monde.

D'autres observateurs critiques soupçonnent même une manœuvre des créanciers. Les Européens "ont fait à Tsipras une offre qu'il ne pouvait pas accepter, et l'ont sans doute fait sciemment", estime ainsi Paul Krugman, prix Nobel d'économie, dans un billet publié dans le New York Times. D'après l'économiste, "l'ultimatum (des créanciers) était une stratégie pour remplacer le gouvernement grec".

Que disent les sondages ? Reste à savoir ce que dira le peuple. Pour l'instant, les sondages sont hasardeux. Une enquête d'opinion publiée en début de semaine donnait le "non" vainqueur à 57%. Mais mercredi, deux sondages donnaient encore deux versions contradictoires : le premier donnait le "non" vainqueur à 46% contre 37%, le reste étant indécis, le second donnait le "oui vainqueur à 47% contre 43%.