Grèce : rien ne sera décidé avant dimanche

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Les ministres des Finances réunis pour un Eurogroupe consacré à la Grèce. © PHILIPPE WOJAZER/POOL/AFP
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avec agences , modifié à
CRISE DE LA DETTE - 48 heures après le référendum grec, les Européens ont renoué le dialogue avec Athènes lors d'un Eurogroupe suivi d'un sommet de l'Union européenne. Mais rien n'a été décidé, faute de propositions détaillées de la part d'Athènes.

C'était le premier round de négociations post-référendum et il en faudra probablement d'autres avant d'arriver à un accord. Réunis mardi à Bruxelles pour un Eurogroupe suivi d'une réunion des dirigeants de l'Union européenne, les pays de la zone euro ont renoué le dialogue avec la Grèce. Mais aucun accord n'a pu être trouvé, la délégation grecque n'étant pas venue avec une liste détaillée de réformes qui auraient pu servir de documents de base à une négociation.

Les Européens se retrouveront dimanche pour tenter de clore le chapitre grecque. En attendant, les réunions techniques vont s'enchainer, à commencer par un téléconférence de lEurogroupe mercredi. L'enjeu est toujours le même : la Grèce estime avoir encore besoin de l'argent de ses créanciers pendant deux ans. Mais ces derniers (FMI, BCE et pays européens) refusent de prêter davantage sans concession. Faute de réformes profondes, la menace d'une sortie de la zone euro, baptisée "Grexit", plane toujours sur Athènes.

LES PRINCIPALES INFORMATIONS DE LA JOURNÉE

• La Grèce n'a pas présenté un paquet de réformes détaillées mais aurait promis de le faire mercredi

• Faute de propositions concrètes, les membres de la zone euro envisagent d'organiser un nouveau sommet dimanche

• Sous perfusion de la BCE, Athènes prépare en parallèle une nouvelle demande d'aide financière au MES

• La journée de mardi n'a pas fait bougé les lignes, les pays de la zone euro sont toujours divisés sur la réponse à apporter

• Tsipras prendra la parole mercredi devant le Parlement européen à Strasbourg

Les ministres des Finances réunis pour un Eurogroupe consacré à la Grèce.

© THIERRY CHARLIER/AFP

Les nouvelles propositions grecques attendues mercredi. En principe, l'Eurogroupe précédant le sommet de l'UE devait permettre des discussions techniques et économiques, avant qu'elles prennent un tour politique lors du sommet de l'UE qui doit suivre. Sauf que la Grèce n'a pas couché par écrit une liste de réformes détaillées. Le président de l'Eurogroupe a donc prévenu qu'aucune discussion ne serait engagée tant qu'Athènes n'aura pas précisé ses intentions. Le gouvernement Tsipras devrait le faire mercredi.

"Les conditions ne sont pas encore réunies pour entamer des discussions sur un nouveau plan d'aide", a résumé Angela Merkel à la sortie de la réunion, avant d'évoquer le calendrier des prochains jours : les Grecs doivent envoyer leurs propositions d'ici jeudi, puis elles seront étudié dimanche lors d'un nouvel Eurogroupe. Ce n'est qu'à partir de là que les discussions sur une éventuelle aide débuteront.

Mais, une nouvelle fois, le facteur temps sera incontournable : Athènes doit rembourser 3,5 milliards d'euros à la BCE le 20 juillet et ne dispose pas de cette somme. Or un défaut de paiement vis-à-vis de la BCE serait bien plus grave que celui enregistré par le FMI, qui est considéré comme un prêteur à part : il pourrait provoquer une sortie de la zone euro.

Alexis Tsipras grèce

© JOHN THYS / AFP

En attendant un accord, une nouvelle aide d'urgence ? Le problème est que, d'ici cette échéance, la Grèce n'a pas suffisamment d'argent pour faire tourner le pays. Athènes propose donc de procéder en deux temps : il souhaite bénéficier d'une aide temporaire pour lui permettre de tenir tout le mois de juillet, le temps que les négociations aboutissent. Car trouver un accord prendra du temps, au regard des sommes en jeu : sans même évoquer la dette grecque - près de 320 milliards d'euros - , le FMI estime qu'Athènes aura besoin de 50 milliards d'euros sur trois ans.

Le système bancaire hellène sous perfusion de la BCE. L'Etat grec n'est pas le seul à approcher dangereusement de la faillite. Le système bancaire hellène est également victime de retraits massifs : les plus fortunés ont déjà fait sortir du pays une bonne partie de leur argent tandis que le commun des mortels a pris d'assaut les distributeurs automatiques et stocke ses économies à domicile. Leurs coffres-forts vides, les banques grecques sont donc sous perfusion de la BCE, qui les maintient en vie grâce au mécanisme européen d'aide aux banques (ELA).

Mais le président de l'Eurogroupe a prévenu : ce soutien ne sera pas éternel et son maintien sera désormais réexaminé quotidiennement, une manière de mettre la Grèce sous pression. Ce qu'a confirmé François Hollande à la sortie du sommet européen : la BCE assurera un niveau de liquidité minimale jusqu'à dimanche. Après...

Tsipras lance une opération séduction. Côté grec, on souligne que les négociations en cours ne peuvent pas être que techniques et bureaucratiques, mais aussi politiques. Le Premier ministre grec a donc décidé de multiplier les interventions pour tenter de convaincre le reste de la zone euro. Il s'est entretenu avec Angela Merkel et François Hollande juste avant le sommet de l'UE, puis s'exprimera mercredi devant le Parlement européen à Strasbourg.

Hollande-Merkel

© AFP

Les Européens divisés sur la réponse à apporter. L'enjeu de cette journée de négociations était double : la présentation des nouvelles propositions grecques mais aussi la mise en point d'une ligne commune entre tous les autres pays de la zone euro. Mais les pays de la zone euro sont tout sauf unanimes dans la réponse à apporter à Athènes et cette journée l'a confirmé.

Le couple franco-allemand en est l'exemple : alors que Paris est disposé à alléger la dette grecque si les réformes sont sérieuses, Berlin est plus exigeant. "Nous avons déjà fait preuve de beaucoup de solidarité avec la Grèce, la dernière proposition était déjà très généreuse", avait prévenu Angela Merkel lundi soir. La réunion de mardi ne l'a pas fait changer d'avis : "il est hors de question que la Grèce bénéficie d'une décote de sa dette, qui serait illégale au regard des traités européens", a-t-elle martelé.

Des divergences qu'on retrouve parmi les autres pays européens : alors que l'Italie veut renouer le dialogue, les pays baltes ou la Slovaquie par exemple ne semblent pas prêts à faire de nouvelles concessions à Athènes. Seule certitude, les Européens souhaitent clore ce chapitre rapidement. "La date-butoir définitive est cette semaine (...) il ne reste plus que cinq jours", a prévenu Donald Tusk, partisan de la "ligne dure" et président du Conseil européen. Signe de cette impatience, Jean-Claude Juncker, classé dans le camp de "modérés", a lui aussi commencé à hausser le ton : un scénario détaillé prévoyant une sortie grecque de la zone euro a été préparé.