Grands travaux : le tri du gouvernement

En 2007, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont vu grand pour la modernisation des infrastructures sauf qu'il manque l'argent pour les réaliser. (image d'illustration)
En 2007, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont vu grand pour la modernisation des infrastructures sauf qu'il manque l'argent pour les réaliser. (image d'illustration) © REUTERS
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Carole Ferry et , modifié à
Lignes de TGV, nouvelles routes, canaux : de nombreux projets, non financés, sont sur la sellette.

Fin 2007, le gouvernement Fillon organisait le Grenelle de l’environnement et décidait de lancer une longue série de grands travaux pour rénover ou créer de nouvelles infrastructures. L’objectif était ambitieux et réaffirmé, avec la crise, comme un moyen de relancer l’activité. Sauf que presque aucun financement n’a été prévu, poussant le gouvernement Ayrault à remettre en cause de nombreux projets.

Un plan pharaonique de 245 milliards remis en cause

A l’issue du Grenelle de l’environnement, Nicolas Sarkozy affiche ses ambitions : il prévoit une enveloppe de 245 milliards d’euros pour les infrastructures de transports. Dans le détail, le gouvernement prévoit alors 105 milliards pour améliorer les infrastructures existantes et 140 milliards pour en construire de nouvelles. Objectif de ce schéma national des infrastructures de transports : avoir réalisé ces projets d’ici 2025-2030.

Arrivée au pouvoir, la nouvelle majorité s’est penchée sur la question et a rapidement été saisie d’un doute : si les projets ont été détaillés, très peu d’argent a été budgété pour les réaliser. Le gouvernement a donc créé une commission qui va se constituer le 15 octobre prochain pour hiérarchiser les projets d’ici six mois. Une certitude s’impose : en ces temps de disette budgétaire, de nombreux projets seront annulés ou reporté sine die. Europe 1 vous présente les projets qui sont sur la sellette et ceux qui sont déjà sur les rails.

LE FERROVIAIRE

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© ALSTOM

Les seuls projets liés au rail représentent 71% de l’enveloppe prévue initialement et pour cause : il est prévu de multiplier par deux le nombre de lignes à grandes vitesses nécessaires aux TGV, or la construction d’un kilomètre de LGV coûte 30 millions d’euros. De nombreux projets sont donc sur la sellette, ce qui promet de vifs débats : de nombreuses villes concernées ont déjà commencé à mettre de l’argent de côté.

Les projets poursuivis :
 - la LGV Tours - Bordeaux
 - la LGV "Bretagne Pays de la Loire" qui doit relier Le Mans à Rennes
 - la phase 2 du TGV-Est pour prolonger la LGV de Metz jusqu’à Strasbourg
 - le contournement Nîmes-Montpellier

Les projets menacés :
 - la LGV Paris - Orléans - Clermont - Lyon
 - la LGV PACA devant relier Aix-en-Provence à Nice en passant par Toulon (coût estimé : 10 milliards)
 - la LGV Paris - Normandie (coût estimé : 10 milliards pour relier Paris à Caen et Le Havre en 1h15 contre 2 heures actuellement)
 - la LGV Montpellier- Perpignan (coût estimé : 5 à 7 milliards pour 155 km de voies)
 - le prolongement de la LGV Rhin - Rhône : la portion Dijon - Mulhouse est déjà en fonction mais son prolongement jusqu’à Villers-les-Pots est menacé.
 - le prolongement de la LGV Tours - Bordeaux jusqu’à Toulouse (coût estimé : 13 milliards pour 460 km de voies avec l’objectif de mettre Toulouse à 3h10 de Paris, contre 5 heures actuellement). De par l’enclavement de Toulouse et sa taille, ce projet a néanmoins le plus de chance d’être repêché.

LES ROUTES

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© REUTERS

Il s’agit du deuxième poste de ce plan de grands travaux avec 17% de l’enveloppe globale. Parmi les chantiers envisagés, il en est un qui se dégage : la modification de la Route Centre-Europe Atlantique (RCEA), qui relie l’Europe centrale à l’Atlantique et a été qualifiée de "route de la mort".

L’objectif est de reconstruire les 80 km reliant Macon et Montluçon, où se concentre la majorité des accidents. Si ce projet ne devrait pas être remis en cause, ses modalités risquent de changer. Alors que Nathalie Kosciusko-Morizet privilégiait la construction d’une autoroute, Arnaud Montebourg, élu de la région, préfère l’agrandissement de la route existante pour doubler les voies.

>> A lire aussi : La RCEA, "route de la mort", attend toujours

LE FLUVIAL ET PORTUAIRE

9% des projets concernent les infrastructures fluviales et 2% celles portuaires. Les chantiers envisagés sont donc peu nombreux mais il en est un qui est vraiment menacé : canal Seine-Nord-Europe. La construction de ce canal, qui doit permettre de relier la France à la Belgique et aux Pays-Bas, est censée relancer le transport fluvial.

Mais un tel projet à un coût conséquent, si bien que le gouvernement envisage d’annuler le projet prévu, confié à Bouygues, pour le relancer via les "project bonds", ces obligations européennes dédiées à la construction d’infrastructures.

L’AÉRIEN

C’est le parent pauvre du schéma national des infrastructures de transports : seul 1% de l’enveloppe global doit y être consacré. Dans le détail, il s’agit de la construction de l’aéroport nantais de Notre Dame des Landes et du rallongement de pistes d’aviation à Mayotte. Dernier projet envisagé : une ligne Charles de Gaulle Express devant relier l’aéroport du même nom à la gare de l’Est.

LE GRAND PARIS

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Ce dossier est emblématique. Le gouvernement précédent avait décidé de désengorger la capitale et de désenclaver la banlieue en construisant de nouvelles lignes de transports en commun et quelques 72 nouvelles gares.

Problème, alors que ce chantier coûterait au minimum 20,5 milliards d’euros, aucun fond n’a été budgété sous le quinquennat Sarkozy... alors qu’il est prévu de débloquer un premier milliard d’euros entre 2013 et 2015 pour commencer les travaux. Cette somme n’a d’ailleurs pas été inscrite sur le projet de loi du Budget 2013.