Google menace les médias français

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Sophie Amsili avec AFP , modifié à
Le groupe affirme qu'il ne référencera plus les sites d'information si une "taxe Google" est adoptée.

Le courrier. Google "ne peut accepter que l'instauration d'un droit voisin pour le référencement de sites de presse français mette en cause son existence même". Le géant de l'Internet ne mâche pas ses mots dans ce courrier adressé ce mois-ci à plusieurs cabinets ministériels et rendu public jeudi. Si une taxe sur les liens référencés vers les sites d'information français est adoptée, il se dit "contraint de ne plus référencer les sites français". Le site rappelle qu'il "redirige quatre milliards de 'clics' par mois vers les pages Internet des éditeurs" français.

Le contexte. Les éditeurs de presse sont déterminés à faire payer Google pour chaque lien qui renvoie vers un contenu de leur site, comme un prolongement des droits d'auteurs.

Trois syndicats de presse français et deux allemands ont ainsi publié un communiqué le mois dernier appelant leurs gouvernements et leurs parlements à soutenir un projet de loi en ce sens. Les patrons du Figaro, des Echos et du Nouvel Observateur ont également défendu dans une interview publiée par Le Figaro la création de cette taxe. "Il est inadmissible que Google utilise nos articles gratuitement pour ponctionner le marché publicitaire français sans rémunérer les créateurs de contenus!", a ainsi déclaré Francis Morel, le directeur général des Echos. Les médias français ont obtenu en septembre dernier le soutien de la ministre de la culture et de la communication, Aurélie Filippetti.

Google campe de son côté sur ses positions : "En réalité, l'ambition de ce texte est d'interdire le référencement non rémunéré. Une telle loi aboutirait à limiter l'accès à l'information, à réduire le nombre de sites français référencés sur internet mais aussi à freiner l'innovation."

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La réaction du gouvernement. Suite à la publication du courrier de Google, Aurélie Filippetti a déclaré que ce n'était "pas avec des menaces qu'on trait(ait) avec un gouvernement", se disant "surprise par le ton de cette correspondance". La ministre a réaffirmé son soutien à la mise en place de la taxe : "Aujourd'hui, des sites qui agrègent des contenus comme Google utilisent aussi la notoriété des éditeurs de presse, ainsi que ce qu'ils produisent. Il est donc légitime que les éditeurs de presse s'interrogent sur la manière dont il faut faire participer ceux qui diffusent leur contenu à leur financement", a-t-elle expliqué.

L'idée. Lancée en 2010 par Nicolas Sarkozy, l'idée est d'imposer les revenus publicitaires des grands portails et moteurs de recherche internationaux qui sont présents en France mais taxés dans leur pays siège (comme l'Irlande pour Google en Europe). Cette taxe est surnommée "taxe Google" car elle vise principalement le service Google Actualités. "Il faut savoir que Google est aujourd'hui l'une des premières régies publicitaires en France, avec plus d'un milliard d'euros de recettes. Mais il ne déclare que 41 millions d'euros de chiffre d'affaires en France!", a souligné Francis Morel, le patron des Echos.

La prochaine échéance. Le bras de fer n'est pas terminé. Le cabinet de la ministre chargée de l'Economie numérique, Fleur Pellerin, recevra vendredi des représentants de Google France notamment sur ce sujet. En déplacement en Allemagne, la ministre va "évoquer ce projet [de taxe]" avec son homologue allemand.