Goodyear : Montebourg déterminé avec Titan

Près de 300 emplois de l'usine Goodyear d'Amiens pourraient être sauvés.
Près de 300 emplois de l'usine Goodyear d'Amiens pourraient être sauvés. © MAXPPP
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Damien Brunon avec AFP , modifié à
Le groupe américain Titan a lui démenti la reprise d’une partie du site d’Amiens annoncée par le ministre français.

L’INFO. Arnaud Montebourg a annoncé, lundi, la reprise de plus de 300 emplois sur le site Goodyear d’Amiens. Problème : ni Titan, le repreneur annoncé ; ni Goodyear, ni les syndicats du site, n’ont entendu parler de l’offre. Le ministre a pourtant maintenu sa version mardi matin. Retour sur cette pièce en quatre actes.

Une reprise annoncée... Interrogé dans la matinée sur l’avenir du site Goodyear d’Amiens, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, était fier de pouvoir annoncer une bonne nouvelle. "Maurice Taylor et Titan ont fait, il y a plusieurs semaines, une offre de reprise partielle de l'activité. C'est le retour de Titan dans le dossier Goodyear", a clamé Arnaud Montebourg. Le ministre a même détaillé l’offre : 333 emplois sur le site dont le maintien sera garanti pour quatre ans. Le groupe américain aurait prévu d’investir au minimum 40 millions d’euros sur le site. “Cette proposition a été faite via ses avocats et il l’a confirmé lui-même”, a ajouté le ministre.

Et encore annoncée ! Arnaud Montebourg est revenu à la charge, mardi matin sur LCP : "C'est une proposition qui a été faite par M. Maurice Taylor qui est venu me voir malgré les mots durs qu'il avait eus. Donc cette offre a été faite au gouvernement. Elle n'a pas été faite à Goodyear. Donc, je suis dépositaire de cette offre. Ce n'est pas, ni à M. Taylor ni à quelqu'un d'autre, de la commenter. C'est à moi de la faire aboutir et de convaincre toutes les parties prenantes".

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Mais pas de confirmation... Le problème est que du côté de Titan, on ne confirme pas l’information. Maurice Taylor, le patron de l’entreprise américaine qui avait insulté les employés d’Amiens début 2013, a refusé, lundi, catégoriquement de répondre aux questions posées par l’AFP. “Je ne suis qu’un vieil homme (...), je ne parle pas français (...). Je ne suis au courant de rien en relation avec votre pays de vins formidables et belles femmes”, a-t-il conclut ironiquement.

Il faut dire que Taylor n’avait peut-être pas très envie de faire plaisir à Arnaud Montebourg. Alors que l’Américain insultait ses potentiels futurs employés, le ministre français l’avait traité d’“extrémiste”.

>> A lire aussi : Goodyear : mais qui est Maurice Taylor ?

Difficile à imaginer. Du côté de Goodyear, on assure également n’avoir “reçu aucune offre”. Une reprise serait de toute façon tributaire de la mise en application d’un plan social sur le site d’Amiens. Un plan social qui est, pour l’instant, bloqué par des procédures judiciaires.

L’étonnement touche aussi les syndicats du site car, chez eux, personne n’est au courant. Pourtant, pour qu’un projet de reprise aboutisse, il faut qu’il obtienne le soutien de toutes les parties prenantes, syndicats compris. Compte tenu de la façon dont Maurice Taylor a parlé des employés d’Amiens (“des soi-disant ouvriers”) par le passé, il n’est pas dit que ces derniers l’accueillent à bras ouverts.

Titan avait d’ailleurs tenté à plusieurs reprises de reprendre partiellement l’activité du site d’Amiens Nord, avant de jeter l’éponge début 2013, au moment des déclarations polémiques de son PDG.