GM&S : la justice valide la reprise de l'entreprise par GMD

L'entreprise GM&S va être reprise
L'entreprise GM&S va être reprise © PASCAL LACHENAUD / AFP
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avec AFP , modifié à
La justice a validé jeudi la reprise de l'équipementier automobile GM&S par GMD, seule société à avoir fait une proposition.

Le tribunal de commerce de Poitiers a autorisé la reprise de l'équipementier automobile creusois GM&S par l'emboutisseur français GMD, selon le jugement rendu jeudi. Au total, sur les 276 emplois, seuls 120 sont conservés, selon la même source. La reprise sera effective le lundi 11 septembre 2017 à minuit. 

Encore dans le car de retour d'une manifestation devant un site de PSA dans l'Allier, les salariés de GM&S ont appris ce jugement "sans surprise", a déclaré Yann Augras, délégué CGT, annonçant "des actions qui vont reprendre de plus belle" pour améliorer les conditions de la reprise. "Désormais notre seul interlocuteur pour faire évoluer l'offre en terme d'emploi est donc Alain Martineau", le PDG de GMD, a souligné le syndicaliste.

Le PDG de GMD à La Souterraine dès lundi. "Je viendrai en personne sur site avec mon équipe et mes cadres" dès lundi, "date d'entrée en jouissance", a de son côté déclaré le PDG de GMD. "Je reste très optimiste pour l'avenir du site", a ajouté Alain Martineau. Dans ses motivations, le tribunal "regrette le petit nombre de salariés repris ainsi que l'extrême faiblesse du prix de cession". "Mais il constate que l'offre de GMD présente les garanties industrielles et financières appropriées", indique le jugement.

Les salariés de GM&S "vont se battre". En termes de reclassements, GMD s'est engagé à communiquer "le détail des éventuels postes disponibles au sein des différentes sociétés de son groupe", mais "il ne prendra pas part au financement des mesures de reclassement et autres mesures d'accompagnement". En outre GMD accepte de porter "la priorité de réembauche" des salariés non repris "à 24 mois". Les salariés de GM&S "n'ont pas d'autre choix que de se battre pour faire évoluer la situation en terme d'emplois repris et d'indemnisation des 'blessés' (comme les salariés dénomment les futurs licenciés, ndlr). Car je le répète: rien n'est définitif, même une offre homologuée peut évoluer à la hausse", avait prévenu, avant même la publication du jugement, l'avocat des salariés, Jean-Louis Borie.

Retour sur neuf mois d'incertitudes pour GM&S

décembre 2016 : Située sur la commune de La Souterraine, l'entreprise est placée en redressement judiciaire le 2 décembre. Le 6 janvier 2017, François Hollande est accueilli lors d'un déplacement à Brive par 200 salariés. Le 23 janvier, une cinquantaine d'entre eux bloquent l'autoroute A20 et, deux jours plus tard, les accès à des sites de Renault et de PSA dans l'Yonne et dans l'Allier.

février 2016 : Le tribunal de commerce de Poitiers décide le 1er février de prolonger la période d'observation de l'entreprise jusqu'au 23 mai. 

avril 2016 : 150 salariés de GM&S bloquent l'accès de l'usine PSA de Poissy, dans les Yvelines, le 19 avril. Le 27 avril, les représentants des syndicats et des constructeurs Renault et PSA se réunissent à Bercy. Des discussions s'enchaînent les jours suivants.

mai 2016 : Le 10 mai, les représentants syndicaux annoncent "l'échec des négociations". Dès le lendemain, des salariés commencent à détruire du matériel: ils découpent une presse, écrasent une machine-outil. Selon la CGT, l'usine a été "piégée" avec bonbonnes de gaz et bidons d'essence. Le nouveau ministre de l'Économie Bruno Le Maire s'engage le 19 mai à déployer "tous les efforts nécessaires pour garantir l'accroissement des commandes".  Le 24 mai, les salariés annoncent le "déminage" du site.

juin 2016 : Dialogue musclé le 9 juin entre les salariés et Emmanuel Macron qui promet de faire "le maximum" avec la mise en place d'une "cellule de crise". Les salariés relancent le blocage et l'occupation de leur usine le 13 juin. Le leader français de l'emboutissage GMD dépose le 29 juin une offre de reprise partielle, soumise à des conditions qui prévoit de conserver 120 des 276 emplois. Renault et PSA s'engagent par des financements et commandes supplémentaires à soutenir l'offre. Le tribunal de commerce de Poitiers place le 30 juin GM&S en liquidation judiciaire avec prolongation de l'activité jusqu'au 21 juillet dans l'espoir d'une amélioration de l'offre de GMD.

juillet 2016 : Des salariés de GM&S bloquent le site de PSA à Sept-Fons dans l'Allier pour réclamer des mesures pour "limiter la casse sociale". Le 11 juillet une réunion à Bercy ne suffit pas à faire retomber la pression: les salariés bloquent l'usine Renault de Villeroy dans l'Yonne du 19 au 21 juillet. Le tribunal de commerce de Poitiers s'accorde le 24 juillet un nouveau délai avant de statuer sur l'offre de reprise. Trois jours plus tard, le patron de GMD, Alain Martineau se rend à La Souterraine pour essayer de convaincre les salariés. Le 31 juillet, le tribunal décide de reporter à début septembre sa décision.

septembre 2016 :  Le personnel de GM&S juge toujours "insuffisante" l'offre de GMD. Des salariés manifestent les 5 et 7 septembre devant les sites de PSA à Poissy, dans les Yvelines, et à Sept-Fons, dans l'Allier. Jeudi, le tribunal de commerce de Poitiers valide l'offre de GMD qui prévoit de conserver 120 des 276 emplois.