FO-Bricorama : le bras de fer

Force ouvrière a réclamé vendredi devant le tribunal de grande instance de Pontoise (Val-d'Oise) près de 37 millions d'euros à Bricorama, pour n'avoir pas respecté une décision de justice lui ordonnant de ne pas ouvrir le dimanche.
Force ouvrière a réclamé vendredi devant le tribunal de grande instance de Pontoise (Val-d'Oise) près de 37 millions d'euros à Bricorama, pour n'avoir pas respecté une décision de justice lui ordonnant de ne pas ouvrir le dimanche. © MARIE PERSIDAT/MaxPPP
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La bataille autour du travail dominical fait rage. Le syndicat réclame 37 millions à l'enseigne.

"Nous avons déposé un cercueil avec le mot 'dimanche' dessus devant leurs portes, puis observé une minute de silence." Comme Sébastien Peron, cité vendredi par Le Figaro, plusieurs dizaines de salariés de Bricorama, venus de Paris, Dax ou encore Troyes, se sont rassemblés jeudi devant le siège de Forces ouvrières (FO). Le syndicat vient de réclamer, devant le tribunal de grande instance (TGI) de Pontoise, près de 37 millions d'euros à l'enseigne de bricolage. La juge de l'exécution du TGI a mis sa décision en délibéré au 17 décembre.

FO reproche à Bricorama de n'avoir pas respecté une décision de justice lui ordonnant de ne pas ouvrir le dimanche. Et a provoqué une vive polémique au sein du groupe. "Si vous [le tribunal] condamnez le groupe à 37 millions d'euros d'amende, vous obèrerez les chances de survie de l'entreprise", a mis en garde l'avocat de l'enseigne, Me Frédéric Naquet. "Au final, ce sont les salariés qui risquent de subir les conséquences de cette décision", a-t-il ajouté.

"Je perds 7000 € par an sur mon salaire"

Selon la direction, si l'amende de 37 millions d'euros était confirmée, "cela pourrait impacter Bricorama de manière extrêmement dramatique: trois magasins seraient d'ores et déjà en danger de fermeture immédiate, et à terme ce sont 500 emplois qui pourraient disparaître".

"Je perds 7000 € par an sur mon salaire, s'est inquiété jeudi Karl, 26 ans, interrogé par Le Parisien. On a des loyers pas négligeables, on les paie avec l’argent gagné le dimanche." "Ça va jouer sur le chiffre d’affaires de l’entreprise. Car notre clientèle fait du bricolage le week-end. Elle ira chez nos concurrents qui sont à côté et qui ont le droit d’ouvrir", a renchéri un autre collègue.

"Mener une vie familiale normale"

En janvier, à la demande du syndicat et au nom du respect du repos dominical, l'enseigne de bricolage avait été condamnée à ne plus ouvrir le dimanche, sous peine d'une astreinte de 30.000 euros par établissement et par dimanche ouvert. Le syndicat invoque "une norme essentielle visant à protéger le droit des salariés à mener une vie familiale normale".

Bricorama avait fait appel et maintenu ses ouvertures dominicales. Fin octobre, la cour d'appel de Versailles a confirmé le jugement de janvier, poussant l'enseigne de bricolage à finalement accepter de fermer ses magasins le dimanche. Mais FO réclame maintenant au groupe de payer son amende pour tout le temps où ils sont restés ouverts.

D'autres magasins menacés?

FO et Bricorama ont négocié mercredi et jeudi, sans succès, le syndicat ayant proposé d'échanger une partie "substantielle des astreintes" notamment contre la mise en place d'un treizième mois et l'arrêt de toute action judiciaire.

En vain. Le groupe a annoncé un pourvoi en cassation et son intention de déposer des assignations en référé pour faire condamner pour concurrence déloyale "tous les autres magasins de bricolage ouvrant le dimanche." L'enseigne emploie 2.614 salariés dans ses 95 magasins français, dont une trentaine en Ile-de-France.

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>>> Réécoutez la chronique de David Abiker, pour qui cette affaire est le signe que la France "Bricorame" sur le front du chômage