Florange: le projet Ulcos, une illusion?

"Il y aura maintien en état des hauts fourneaux de Florange dans l'attente du projet Ulcos", a promis vendredi soir Jean-Marc Ayrault.
"Il y aura maintien en état des hauts fourneaux de Florange dans l'attente du projet Ulcos", a promis vendredi soir Jean-Marc Ayrault. © MAXPPP
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3'CHRONO - Le gouvernement espère que le projet écologique sauvera l'usine. On vous explique tout.

Nom de code : Ulcos, pour Ultra-Low Carbon Dioxide Steelmaking. En Français : "processus sidérurgiques à très basses émissions de CO2". Après la nationalisation temporaire un temps évoquée, il est présenté par le gouvernement comme la nouvelle solution pour sauver Florange. Celui-ci assure que l'accord passé entre le gouvernement et ArcelorMittal garantit la survie de l'usine en l'attente du dit projet.

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• Ulcos, c'est quoi? Il s'agit d'un consortium de 48 entreprises et organisations issues de 15 pays européens, réunies au sein d’une "initiative de coopération en recherche et développement". Leur but ? Réduire de manière drastique les émissions de dioxyde de carbone liées à la production d’acier.

Pour Florange, le dispositif vise à transformer l’usine d’ArcelorMittal en la vitrine française d'une sidérurgie écologique. Il doit permettre de réduire d'au moins 50% les émissions de gaz carbonique lors de la fabrication de l'acier. Le CO2 serait capté lors de la production et stocké dans des aquifères salins à 100 km environ au sud de Verdun. L'usine pourrait regagner en compétitivité grâce aux économies réalisées sur le coût des quotas d'émission de C02.

• Qui finance?  Le coût avoisinerait les 700 millions d'euros, apportés en partie par les 48 industriels partenaires. Il doit également être financé par l’État et les collectivités à hauteur de 150 millions d'euros. Mais il nécessite également une subvention de la Commission européenne à hauteur de 250 millions. Mi-novembre, une source européenne indiquait qu'Ulcos avait de très bonnes chances de recevoir ce financement. La Commission européenne doit rendre une décision le 20 décembre, après examen du projet le 13.

"C'est de la tromperie"

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• ArcelorMittal le veut-il vraiment ? C'est là toute la question. Selon les syndicats de Florange, l'accord passé avec le gouvernement n'est qu'une illusion, car Lakshmi Mittal ne croit pas à Ulcos. Or, pour que le site soit équipé des technologies nécessaires et reçoivent ses financements, le propriétaire doit mettre la main à la pâte. Selon Jean-Marc Ayrault, le sidérurgiste s'est engagé à hauteur de 180 millions sur cinq ans. Mais beaucoup doutent qu'Arcelor Mittal aille au bout du projet.

"Les engagements financiers a minima consentis au gouvernement semblent indiquer que le géant indien n'y croit pas lui-même", avance ainsi Pascal Gateaud, rédacteur en chef délégué de la revue spécialisée Usine nouvelle. Selon le Figaro de lundi le communiqué d'Arcelor Mittal, relatant l'accord avec le gouvernement, ne fait même pas mention du projet. Le groupe s'engage simplement "à étudier le dossier" assure le quotidien.

Contacté par Europe1.fr, le groupe se dit toutefois toujours très motivé. "Nous avons été leader du consortium. Mais cela n'est pas dans nos mains. Nous attendons la décision de la Commission européenne. Les hauts fourneaux devront être modernisés et cela nécessite des fonds, mais aussi des connaissances. Car cela nécessite toute une phase de recherche pour trouver les bonnes technologies. C'est sûr, tout ne se fera pas en dix jours", reconnait une source proche de la direction.

• Ulcos pourrait-il sauver Florange ? Selon Jean-Marc Ayrault, aucune suppression de poste n'aura lieu à Florange grâce à ce projet. Un avis loin d'être partagé par tout le monde. "Faire croire qu'Ulcos va sauver les hauts-fourneaux lorrains, c'est de la tromperie", soutient par exemple Guy Dollé, l'ancien PDG d'Arcelor, dans une interview aux Échos. "Cela donne une année environ d'expérimentation sur un haut-fourneau, et non sur les deux, compte tenu des investissements à réaliser", détaille-t-il. Selon lui, un essai réussi à Florange serait toutefois "très significatif" car "la menace des pénalités liées à la production de CO2 est extrêmement importante."

Quant aux salariés, pas sûr que les 639 concernés seront tous recasés dans les éventuels hauts fourneaux écologiques. "Tous garderont un emploi. Mais il est beaucoup trop tôt pour savoir s'il resteront sur le site", renseigne une source proche de la direction.

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