Florange : l'Etat "s'est fait enfumer"

Edouard Martin (CFDT) mène la contestation à l'usine de Florange.
Edouard Martin (CFDT) mène la contestation à l'usine de Florange. © Max PPP
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Charles Carrasco avec Martial You , modifié à
INTERVIEW E1 - Edouard Martin, le délégué CFDT de l'usine, dénonce un manque de fermeté.

La publication dans Le Monde d'extraits de l'accord "secret" conclu vendredi entre ArcelorMittal et le gouvernement n'a pas apaisé leurs craintes initiales. Les syndicats du site sidérurgique de Florange se préparent donc à une rencontre tendue, mercredi, avec le Premier ministre, Jean-Marc-Ayrault.

>> Europe 1 a interviewé la figure de cette contestation : Edouard Martin, représentant de la CFDT chez ArcelorMittal. Extraits.

• Les contours de l'accord. Le contenu de l'accord conclu avec le gouvernement, tel qu'il a été dévoilé mardi par Le Monde, a confirmé le scepticisme des syndicats sur les investissements prévus par ArcelorMittal. Sur les 180 millions d'euros promis pour le site lorrain, moins d'un tiers concernerait des investissements stratégiques. Le reste se décompose notamment entre "le flux d'investissements courants" et "la maintenance exceptionnelle".

>> Pour Edouard Martin, du "foutage de gueule" : "C'est la crainte que j'avais. Dès [lundi], je disais que je voulais poser la question à Ayrault sur le détail des 180 millions. Pour prendre un exemple : vous avez une voiture, vous voulez la vendre. Votre acheteur vous demande si vous l'avez entretenue. Si vous l'avez entretenue, vous dites oui et vous sortez tous les tickets d'essence que vous avez mis. Je suis désolé, ça ne s'appelle pas un investissement stratégique".

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• Le site de Basse-Indre. L'accord confirme que des activités de "packaging" (acier destiné à l'emballage alimentaire) seront transférées du site de Basse-Indre vers celui de Florange. Ce qui suscite l'inquiétude des salariés du site de Loire-Atlantique.

>> Pour Edouard Martin, "c'est bien la marque de fabrique de Mittal" : "Il ne construit rien, il n'amène rien en plus à la production globale française. C'est-à-dire qu'il prend à l'un pour donner à l'autre. Il déshabille Pierre pour rhabiller Paul et tout ça pour ennuyer Henri. Et c'est là que je me dis : 'quelle naïveté de la part du gouvernement de ne pas avoir vu tout ça".

• La réunion avec Ayrault.  Elle est prévue mercredi à 18 heures et s'annonce tendue.

>> Pour Edouard Martin, "la colère est retombée, pas la déception" : Après avoir pris connaissance d'une partie de l'accord, je me demande comment on a pu laisser passer ça. J'ai presque envie de demander à M. Ayrault s'il a besoin de formation pour ses conseillers pour négocier face à Mittal. Il n'a qu'à nous le demander. Nous sommes prêts à les aider à négocier. La CFDT va expliquer à Jean-Marc Ayrault notre lecture. On va pointer les carences, les manques. J'ai une forte crainte qu'à travers cet accord, on ait signé l'arrêt de morts des hauts-fourneaux. Si jamais on nous dit que cet accord est immuable, qu'on ne peut pas changer une virgule, je dirais : 'au revoir monsieur le ministre !'"

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• Quid de l'avenir ? "Jusqu'à maintenant, c'était une bataille entre Mittal et nous. Maintenant, j'ai l'impression qu'il va falloir mettre un troisième adversaire dans cette bataille : un gouvernement qui ne nous a pas écoutés et qui s'est fait enfumer par Mittal".