Fitch enfonce un peu plus la France

L'agence de notation Fitch a abaissé à "négative" la perspective de la note de la France, déjà menacée d'une perte imminente de son précieux triple A par Standard & Poor's.
L'agence de notation Fitch a abaissé à "négative" la perspective de la note de la France, déjà menacée d'une perte imminente de son précieux triple A par Standard & Poor's. © Reuters
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avec agences , modifié à
L'agence de notation a placé le triple A français sous surveillance négative vendredi.

L'horizon s'assombrit chaque jour davantage pour l'économie française. Alors que l'Insee prévoyait jeudi une brève récession pour la France, l'agence de notation Fitch Ratings a décidé vendredi d'abaisser à "négative", contre "stable" auparavant la note de la France. Fitch emboîte  le pas de son homologue Standard & Poor's, qui avait déjà placé l'Hexagone sous surveillance début décembre. Du côté de l'agence Moody's, la pression s'était accrue fin novembre avec une déclaration soulignant qu'en France, "les coûts de financements élevés conjugués à une perspective de croissance qui se détériore, auront des implications de crédit négatives".  Le triple A français est donc plus que sous la pression des 3 grandes agences de notation.

La France plus exposée que ses voisins

"La perspective négative indique qu'il y a un peu plus de 50% de chance d'un abaissement de la note d'ici deux ans", justifie Fitch. "En comparaison à d'autres membres de la zone euro notés AAA, la France est, selon l'agence de notation, la plus exposée à une intensification de la crise", en raison de "son déficit budgtéraire structurel plus important et un poids de la dette plus grand par rapport" aux autres pays bénéficiant du triple A.

Comme c'est le cas dans d'autres pays qui bénéficient de la note maximale, "la France fait face à des défis de moyens et longs termes, afin d'améliorer le fonctionnement du marché du travail et renforcer la compétitivité internationale", tempère Fitch. Mais "l'intensification de la crise de la zone euro depuis juillet constitue un choc négatif et significatif pour la région et pour l'économie de la France et la stabilité de son secteur financier", poursuit l'agence. "Depuis mai, lorsque Fitch avait réaffirmé à la France son statut de triple A, ses prévisions pour la croissance économique en 2012 est passée de 2,1% à 0,7%", a relevé l'agence.

Fitch recommande plus de rigueur

Pour l'agence de notation, le maintien du triple A de la France est toutefois "étayé par son économie riche et diversifiée, ses institutions politiques, publiques et sociales efficaces et sa flexibilité de financement". De plus, le gouvernement français a adopté "plusieurs mesures pour solidifier la crédibilité de ses efforts de consolidation fiscale", ajoute Fitch.

La France sauve donc son triple A...pour l'instant. Malgré les "mesures fiscales additionnelles annoncées en août et novembre" par le gouvernement français, Fitch prône donc "de nouvelles mesures (...) pour ramener le déficit en-dessous de 3% du PIB en 2013 et stabiliser la dette du gouvernement en dessous de 90% du PIB, étant donné la dégradation du contexte économique et financier", a souligné l'agence.

Baroin prend acte

Le ministre de l'Economie François Baroin a déclaré vendredi avoir pris acte de cette décision et a rappelé l'engagement du gouvernement en faveur de la réduction des déficits publics.    
L'agence révise également de stable à négative sa perspective de long terme en raison des risques pesant sur la zone euro, et précise que cette notation ne devrait pas évoluer avant 2013, sauf circonstances exceptionnelles", peut-on lire dans un communiqué de Bercy. 

Fitch Ratings a par ailleurs placé sous surveillance négative les notes souveraines de l'Italie, l'Espagne, la Belgique, l'Irlande, la Slovénie et Chypre, menaçant de les abaisser, faute de "solution globale" à la crise de la dette de la zone euro.