Faire tourner la planche à billets pour l'écologie ?

Un rapport du Conseil économique, social et environnemental (Cese) publié mardi suggère d'augmenter fortement la part de la fiscalité dite "écologique" dans la fiscalité française, en la compensant par une baisse de la TVA.
Un rapport du Conseil économique, social et environnemental (Cese) publié mardi suggère d'augmenter fortement la part de la fiscalité dite "écologique" dans la fiscalité française, en la compensant par une baisse de la TVA.
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avec AFP , modifié à
Un rapport du CESE sur le financement de la transition énergétique a été présenté mardi.

Le rapport. Comment financer la transition énergétique ? Selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE), qui publie mardi un rapport sur le sujet, la France doit trouver entre 50 et 70 milliards d'euros pour investir dans les énergies renouvelables et tenir ses ambitions en matière d'écologie. Où trouver une telle somme, alors que les Français sont déjà saturés d'impôts, que François Hollande a promis une "pause fiscale" et que le gouvernement peine à faire des économies ? Le CESE a deux idées, et pas forcément parmi les plus évoquées aujourd'hui.

Fiscalité plus verte contre TVA plus light. "La part de la fiscalité écologique doit significativement progresser dans l'ensemble des prélèvements obligatoires", recommande le rapport. Mais dans un contexte socio-économique difficile, observe le Cese, il s'agit de rendre la transition économiquement attractive avec des changements "progressifs et discutés". "S'agissant des ménages, une baisse de la TVA mérite d'être étudiée", estime d'une part le rapport. La fiscalité "écologique" ou "verte" consiste donc, selon lui, à taxer dans un second temps davantage les activités polluantes ou contribuant au réchauffement climatique. Outre le financement d'un virage "vert", ces nouvelles recettes pourraient aussi permettre de réduire les impôts ou les charges dans d'autres secteurs, sur la consommation ou le travail, suggèrent leurs défenseurs.

>> Une idée déjà étudiée au gouvernement, et dont tous les détails sont dans cet article.

Faire tourner la planche à billets.  Autre piste, moins souvent évoquée et avancée par le rapport : la création monétaire. En d'autres termes, il faut demander à la Banque centrale européenne (BCE) de faire tourner la planche à billets, pour tout simplement créer de la monnaie à investir dans les énergies renouvelables. Le CESE suggère, par exemple, que la circulation de cette masse monétaire se fasse par l'intermédiaire de la Banque publique d'investissement (BPI).

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© REUTERS

Un risque d'inflation ? Le hic : cette solution divise les Européens et rencontre l'hostilité la plus ferme des Allemands. En effet, un tel accroissement de monnaie risque, selon ses détracteurs, de faire grimper l'inflation. Car en théorie, plus le liquide circule, plus la demande augmente et les prix avec. Pas forcément, répond toutefois le CESE. "L'effet d'un accroissement de la masse monétaire dépend essentiellement de l'utilisation de cette augmentation et de la façon dont elle est répartie. Il n'y a pas de lien automatique entre l'accroissement de la masse monétaire et l'inflation", fait valoir le rapport du CESE.

"De plus, le risque inflationniste serait contenu car les sommes injectées serviraient à enclencher des activités productives nouvelles", note-t-il. En clair, la monnaie fait augmenter les prix si elle est utilisée à la consommation. Le pari du CESE: que l'argent soit exclusivement destiné à l'investissement dans les énergies renouvelables, ce qui contiendrait l'inflation.