Exportations: pourquoi est-on si mauvais?

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Malgré un euro en baisse, nos exportations reculent encore, avec un déficit de 5,5 milliards en mai.

Une baisse de l’euro à un niveau historiquement bas, des plans de relance encore en vigueur : tous les ingrédients étaient réunis pour booster les exportations françaises au mois de mai. Pourtant, le déficit commercial de la France s'est creusé, à 5,5 milliards d'euros, contre 4,258 milliards le mois précédent.

En mai, les exportations ont baissé à 29,9 milliards d'euros, après s'être élevées à 31,5 milliards en avril. Sur les 12 derniers mois, le déficit commercial français cumulé s'établit désormais à 45,8 milliards d'euros. Pour Antoine Berthou, économiste au Cepii spécialisé sur les questions de commerce international, il s’agit "d’une baisse statistiquement importante", bien que nous soyons "plutôt dans une phase de reprise du commerce".

La mauvaise performance de l’économie française n’est pas liée à la monnaie européenne", poursuit-il. La bonne tenue des exportations allemandes, pourtant elles aussi facturées en euros, en est d’ailleurs la preuve. De plus, 70% des exportations se font avec des pays européens, la monnaie européenne a donc une faible incidence.

Mauvais mois pour l’aéronautique

Si l’effondrement du commerce mondial explique en partie les mauvais chiffres de l’export français, Antoine Berthou estime qu’on "peut développer d’autres analyses : ces chiffres peuvent traduire une baisse de la consommation intérieure, mais je ne pense pas que ce soit le cas, ou une mauvaise performance d’un secteur particulier".

Les exportations aéronautiques, synonymes de contrats qui se chiffrent en milliards, ont en effet fortement reculé au mois de mai. "Le faible niveau de livraisons définitives d'Airbus et de satellites et de l'absence d'expédition d'A380 en Allemagne", a contribué au déficit croissant de la balance commercial, selon le ministère des Finances.

Les PME françaises toujours en peine

Mais la mauvaise tenue des exportations françaises est devenue une tendance lourde. "Les exportations françaises sont extrêmement concentrées : 90 % des exportations sont réalisées par 10% des plus gros exportateurs. Une mauvaise performance de l’un d’entre eux à donc des répercussions", analyse Antoine Berthou.

"La structure allemande diffère car il y a beaucoup plus de grosses PME, moins dépendantes de grands contrats", poursuit-il, avant de conclure : "on a un vrai problème avec les petites et moyennes entreprises qui ont davantage de mal à s’exporter".

L’espoir provient des pays émergents

Dans les mois qui viennent, "ce sont les pays émergents et les Etats-Unis qui pourront apporter une bouffée d'oxygène à nos exportations, même s'ils ne représentent que 30% de nos échanges", a estimé Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès.

Un réveil des exportations vers nos partenaires européens est plus hypothétique : les plans de rigueur engagés par les pays européens, qui sont nos principaux partenaires commerciaux, pourraient limiter la demande de produits français dans les prochains mois. Les secteurs de la chimie-cosmétique et de la pharmacie envisagent néanmoins une embellie pour la fin de l'année.