Etats-Unis vs UE : la négociation secrète

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Sophie Amsili avec Isabelle Ory , modifié à
Les négociations sur l'accord de libre-échange seront conditionnées à une autre discussion, plus secrète.

L'équation. Comment mener de front des négociations cruciales avec son premier partenaire commercial  et en même temps lui demander des comptes sur fond de crise diplomatique ? C'est la difficile équation que les Européens vont devoir résoudre à partir de lundi à Washington.

Les deux puissances commerciales tiennent à faire aboutir un important accord de libre-échange qui pourrait doper les échanges en harmonisant leurs barrières réglementaires. Pour les Européens, ce serait un coup de pouce bienvenu pour leur économie embourbée dans la crise. Mais ces négociations ont bien failli être mises en péril par les révélations de l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden sur les "grandes oreilles" américaines qui sont allées écouter jusque dans les institutions de l'Union européenne et de ses Etats membres (notamment l'Ambassade de France à Washington).

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Deux salles. La rencontre à Washington se traduira donc très concrètement par deux réunions, proches l'une de l'autre : dans l'une se feront face, de manière assez classique, des experts de la politique commerciale. Il y sera question de normes phyto-sanitaires, de principe de précaution, sur les OGM et d'ouverture, ou non, de marchés publics américains à l'international. Dans l'autre salle, ce sera une toute autre ambiance : des membres des services secrets américains et européens s'expliqueront sur les mouchards, antennes et autres micros cachés par les Etats-Unis dans les représentations diplomatiques de leurs alliés. Les deux discussions devront progresser en parallèle pour qu'aboutisse l'accord commercial.

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Le choix de Merkel. La réaction des Européens aux révélations d'Edward Snowden a été un sujet de tension entre la France et l'Allemagne. Même si l'ancien agent américain assure que les Européens "travaillent main dans la main" avec la NSA depuis longtemps, les Européens se sont officiellement offusqués des révélations de ce programme d'écoutes. François Hollande voulait reporter les négociations de l'accord de libre-échange, mais c'est finalement le compromis proposé par la chancelière allemande Angela Merkel qui l'a emporté : les négociations commencent ce lundi comme prévu mais à une condition, les "clarifications" que les Américains consentiront à apporter sur leur système d'écoutes.