Croissance : et si l'on (re)parlait de l'inversion de la courbe du chômage ?

François Hollande
Alors que l'on commence à entrevoir sérieusement l'espoir d'une inversion de la courbe du chômage, l'exécutif se garde, cette fois, de fanfaronner. © ALAIN JOCARD / AFP POOL / AFP
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PUDEUR - La croissance française connaît un regain de dynamisme mais l'exécutif ne fanfaronne pas.

Le PIB français redécolle. La croissance au premier trimestre 2015 s'est élevée à 0,6%, contre 0,4% attendu, révèle mercredi l'Insee. Ce très bon chiffre conforte, et même améliore la prévision officielle de croissance du gouvernement, de 1% pour cette année. La France espère même faire mieux. "La croissance en 2015 sera supérieure à 1%", a déjà assuré le ministre des Finances, Michel Sapin.

En coulisses, Europe 1 vous l'avait révélé début mai, François Hollande table même sur 1,2 voire 1,3 % pour cette année. En coulisses, seulement. Car alors que l'on commence à entrevoir sérieusement l'espoir d'une inversion de la courbe du chômage, l'exécutif, qui avait prédit cette inversion dès 2013, se garde cette fois de fanfaronner. "L'objectif reste la baisse du nombre de chômeurs en France", a simplement commenté François Hollande, mercredi en Conseil des ministres, selon des propos rapportés par le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Pourquoi tant de pudeur ? Décryptage. 

Chômage : une vraie baisse dès cette année ? Selon les spécialistes, il faut atteindre 1,5% de croissance pour que l'économie française se remette à créer de l'emploi. Mais ça, c'est le chiffre global sur une année. Or, certains économistes commencent à dire que si l'on prend trimestre par trimestre, la France est déjà bientôt dans le vert. "Si tout se passe bien, si le pétrole et l'euro restent bas et que la crise grecque ne dégénère pas, le chômage pourrait commencer à baisser dès les mois qui viennent, dès la mi-2015", estime ainsi Henri Sterdyniak, économiste à  l'OFCE, contacté par Europe 1. "0,6% au premier trimestre 2015, c'est un bon chiffre. Si ce rythme perdure, cela pourrait vite se traduire par des embauches dans les entreprises", poursuit-il.

D'autres ne partagent pas cette vision optimiste, mais tous commencent à prendre au sérieux l'inversion de la courbe du chômage. "Les études nous prédisent majoritairement une baisse pour le deuxième trimestre 2016, vers septembre. A cette date, ce ne devrait plus être une stabilisation mais bien une baisse", avance ainsi auprès d'Europe 1 Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank.

Cachez cette embellie que je ne saurais voir.  Pourtant, le gouvernement se retient de sortir les trompettes. Bercy dit simplement s'attendre à une inversion d'ici "la fin du quinquennat" en 2017, ce qui ne l'engage pas à grand chose. Et pour cause : "au début du mandat, l'exécutif tablait sur des prévisions extrêmement optimistes. Et ça ne lui a pas vraiment réussi. Maintenant sa stratégie est claire : on minimise, pour donner l'impression d'un succès", commente Christopher Dembik. Tout le monde a, en effet, encore en tête la promesse faîte par François Hollande, le 9 septembre 2012 : "d'ici un an, nous devons inverser la courbe du chômage".

Or, près de trois ans plus tard, cette promesse n'est pas encore tenue. "L'exécutif évite de fanfaronner car il a trop fanfaronné au début", résume Henri Sterdyniak. Qui conclut : "et puis ça dépend de facteurs qu'il ne maîtrise pas : le pétrole, l'euro etc. En outre, il conserve son choix d'une politique de relative austérité. Il ne veut pas être tenté de changer sous prétexte que quelques résultats sont meilleurs".