EPR de Penly : réflexion "stoppée" ?

Selon Christophe de Margerie, PDG de Total, le projet d'EPR à Penly est au point mort.
Selon Christophe de Margerie, PDG de Total, le projet d'EPR à Penly est au point mort.
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avec AFP , modifié à
Christophe de Margerie, PDG de Total, l'estime mercredi dans Challenges. Eric Besson dément.

Le réacteur nucléaire de troisième génération EPR Penly, en Seine-Maritime, pourrait bien ne jamais voir le jour. Christophe de Margerie, le PDG du pétrolier Total, associé au projet, estime en effet dans un entretien au magazine économique Challenges que le projet est au point mort. "La réflexion sur le projet a été stoppée. Il y avait un calendrier, des dates potentielles, il n'y en a plus", déclare-t-il dans cet entretien mis en ligne mercredi sur le site Internet du quotidien économique.

"La suite dépendra de décisions prises sur d'autres centrales nucléaires. Penly, c'est une question de besoin, une question politique : de combien d'électricité nucléaire veut-on disposer en France à l'horizon 2020-2030?", poursuit le patron de Total, qui fait le lien avec la catastrophe de Fukushima, au Japon. "Le tour de piste avant Fukushima n'était déjà pas engageant. Les Allemands, les Italiens, les Britanniques n'étaient pas chauds. Il y avait une envie, mais rien de concret sauf en Chine et à Abou Dhabi", rappelle Christophe de Margerie. "Depuis l'accident japonais, la valse-hésitation de l'Allemagne s'est arrêtée sur le retrait. L'Italie, même chose. Les Etats-Unis, pareil, malgré un discours très politique d'Obama qui dit 'aujourd'hui c'est non, mais la porte n'est pas fermée sur le long terme.'"

"Pas de mise en retrait du projet"

Interrogé mercredi en marge d'une conférence de presse, le ministre de l'Energie Eric Besson a démenti l'information. "Contrairement à ce que suggère Christophe de Margerie, le dossier de l'EPR de Penly n'est absolument pas bloqué", a déclaré l'ancien socialiste. "Ce n'est pas parce qu'il y a pu y avoir une modification ou une incertitude sur le calendrier que nous sommes en train de préparer qu'il faut en conclure que le dossier serait bloqué, qu'il aurait été volontairement stoppé." Eric Besson a aussi rappelé les paroles de Nicolas Sarkozy mardi à Gravelines. "Le président a été relativement clair hier à Gravelines : il n'est pas question d'instaurer un moratoire sur les réacteurs de 3e génération", a répété le ministre.

C’est le chef de l'Etat lui-même qui avait annoncé en janvier 2009 la construction de l’EPR de Penly. Avec, pour la première fois, des participations extérieures, et non pas un site appartenant à 100% à EDF. La société publique devait avoir une avoir une part de 50% contre 8,33% pour le pétrolier Total, tandis que l'italien Enel et l'allemand Eon se partageaient le reste du capital. GDF, qui devait détenir 25% du réacteur, avait annoncé son retrait du projet l’an dernier.