Ce qu'il faut retenir de la mobilisation nationale de jeudi

Plus de 130 manifestations étaient prévues dans toute la France.
Plus de 130 manifestations étaient prévues dans toute la France. © AFP
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Entre 120.000 et 300.000 personnes sont descendues dans la rue jeudi pour protester contre la politique du gouvernement. Des heurts ont éclaté en marge du défilé à Paris.

"Convergence des luttes !" : c'est le slogan scandé un peu partout en France jeudi par les cheminots, les fonctionnaires ou encore les salariés de l'énergie, à l'appel de la CGT et de Solidaires. Cette première tentative de construire un front commun contre Emmanuel Macron a pris la forme d'une mobilisation nationale interprofessionnelle articulée autour de 133 mobilisations dans l'Hexagone. Plusieurs milliers de personnes ont défilé à Marseille tandis que le cortège parisien a été interrompu par des heurts entre policiers et des casseurs.

Les informations à retenir :

  • La CGT et Solidaires ont appelé salariés et étudiants à s'unir face à Emmanuel Macron
  • La CGT parle de 300.000 personnes en France, le ministère de l'Intérieur évoque le chiffre de 120.000 manifestants
  • Entre 11.500 et 50.000 personnes ont défilé à Paris et entre 5.000 et 65.000 à Marseille
  • Des heurts ont éclaté en marge du défilé parisien avec affrontements entre casseurs et forces de l'ordre

Marseille donne le "la"

Comme de coutume, c'est à Marseille, vers 10h30, que les manifestants ont lancé la journée. Le gouvernement veut "tout privatiser. Il faut les arrêter", a estimé Olivier Mateu, patron de la CGT des Bouches-du-Rhône, en tête d'un défilé mené par plusieurs centaines de cheminots munis de pétards, feux de Bengale et cornes de brume. D'après le comptage du cabinet Occurence réalisé pour plusieurs médias, dont Europe 1, il y avait 5.700 personnes au sein du cortège. La CGT annonce de son côté 65.000 manifestants sur la Canebière, contre 5.000 pour la police.

Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon était présent dans le cortège marseillais aux côtés des syndicalistes. "Ce qui est certain, c'est la nécessité de la coïncidence des luttes", a déclaré le leader de la France insoumise sur BFMTV. "On est dans un processus où la radicalité du comportement du président a évidemment poussé au rapprochement de tout le monde." Après une rapide marche sous le soleil, le défilé s'est dispersé dans le calme peu après midi.

Écoutez le reportage de notre correspondante à Marseille dans la manifestation :

Ça chauffe à Paris

Les leaders de la CGT et Solidaires s'étaient donné rendez-vous à Paris à 14h à la gare Montparnasse avant de s'élancer en direction de la place d'Italie. Derrière une banderole affirmant "Public + privé + étudiants, ensemble, stoppons les régressions sociales", plusieurs milliers de manifestants (15.300 selon le comptage d'Occurence, 11.500 selon la police) se sont mis en marche sous le soleil. En tête du défilé, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a demandé au gouvernement qu'"il arrête de nous prendre pour des imbéciles et nous explique ce qu'il veut".

Espoir d'une convergence des luttes. "On est dans un bouillonnement social", a constaté Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT Santé. La convergence des luttes, "ça braque les projecteurs sur des sujets communs, par exemple la question de l'endettement des hôpitaux, du manque de financement de la santé, ça répond complètement au même sujet que le système ferroviaire", a déclaré Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots.

De la casse à Paris. Après un début dans le calme, des heurts ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants dans la capitale. Sur le boulevard Saint-Jacques, dans le sud de Paris, les policiers ont essuyé des jets de projectiles devant l'hôtel Marriott et ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. La façade de l'établissement a été endommagée à coups de pioches par plusieurs dizaines de personnes cagoulées, obligeant le cortège de la CGT à interrompre sa progression. 

Auparavant, quelques manifestants avaient défoncé à coups de pierres et de marteaux des vitrines, notamment celles de compagnies d'assurance, en criant : "Anti, anti, anticapitalistes!". Une agence de voyage a également eu sa vitrine brisée et sa façade taggée aux cris de "Tout le monde déteste la police".Quelques hommes cagoulés ont aussi détaché un conteneur de verre et l'ont fait glisser sur le bitume, avant qu'il ne s'échoue contre un arbre.

La SNCF durcit le ton, des mobilisations partout en France

En grève deux jours tous les cinq jours depuis le 3 avril, les personnels de la SNCF étaient encore mobilisés jeudi. Selon les chiffres de la SNCF, 22,7% des salariés étaient en grève, contre 19,8% mercredi. Deux conducteurs sur trois ont cessé le travail. Une trentaine de cheminots ont bloqué le trafic en gare de Lille dans la matinée, en brûlant des pneus sur les voies, ce qui a poussé des passagers à descendre le long des voies pour rejoindre les quais. Surtout, l'intersyndicale a "suspendu" dans la journée la concertation avec la ministre des Transports Élisabeth Borne sur la réforme ferroviaire et demande à être reçue par Édouard Philippe.

A Rennes, les manifestants étaient accompagnés de trois tracteurs de la confédération paysanne en soutien à la ZAD de Notre-Dame des Landes. A Besançon aussi le cortège affichait son soutien avec des affiches "ZAD mon amour". Dans l'énergie, les militants CGT, qui promettaient des "coupures ciblées", ont, par exemple, arrêté l'électricité en gare de Pau, coupé les radars au Creusot (Saône-et-Loire) ou organisé un barrage filtrant sur un rond-point près de la centrale nucléaire de Bugey (Ain). La mobilisation a affecté aussi certaines crèches et écoles, ainsi que les antennes de France Culture et de France Musique. Des débrayages sont également prévus à La Poste, chez les fonctionnaires et à France Télévisions. A Chambéry, plusieurs centaines de personnes sont descendues dans la rue selon notre correspondant sur place Rémy Pierre.

Plusieurs centaines de personnes étaient dans les rues à Chambéry. Crédit : Rémy Pierre / Europe 1