"En direct des éleveurs", cette initiative qui redonne espoir aux producteurs de lait

La poche d'un litre est vendue 94 centimes d'euro.
La poche d'un litre est vendue 94 centimes d'euro. © En Direct Des Eleveurs
  • Copié
Pierre-Baptiste Vanzini (avec C.L.) , modifié à
Des producteurs se sont associés pour produire leur propre lait et se rémunérer à un prix qui leur permet de vivre décemment.
REPORTAGE

La gronde des éleveurs laitiers contre l'industriel Lactalis est encore dans tous les esprits et déjà des solutions alternatives se font jour. C'est le cas de l'initiative "En direct des éleveurs". Dans son exploitation, Fabrice Hégron, l'un des fondateurs, a entre les mains non pas une brique mais une poche de son lait. Dans cet emballage écologique 100% recyclable se trouve une solution pour ne plus être dépendant des variations des cours du lait.

Garantir une juste rémunération. Derrière "En direct des éleveurs", ce sont 31 éleveurs et éleveuses, issus de 14 exploitations, qui se sont regroupées et ont même construit leur propre laiterie. Ils maîtrisent toute la filière pour pouvoir vivre décemment. "Nous avons d'abord fait un constat : on a tel coût de revient qu'il nous faut une rémunération pour vivre et une marge de sécurité financière, explique Fabrice Hégron. Nous en avons conclu que si nous ne maîtrisions pas l'ensemble de la filière, du producteur au consommateur, et que si nous ne pouvions pas établir un prix transparent, on ne s'en sortirait jamais." Aujourd'hui, les éleveurs de la start-up sont payés une fois et demi le SMIC, pour tout de même 60 heures de travail hebdomadaire.

A l'arrivée, le litre de lait, sans huile palme, garanti "bleu, blanc, cœur", est vendu 94 centimes d'euro au supermarché de Clisson (Loire-Atlantique), qui a servi de laboratoire. Dans les rayons, les clients sont séduits. "On a entendu parler des problèmes des éleveurs laitiers aux infos, on s'est dit qu'on allait essayer, explique un acheteur. Après, est-ce qu'il est moins bon que le Lactel ou pas, on verra ça dans le bol demain matin !". Pour d'autres, c'est un moyen de soutenir la filière : "L'idée première, c'est vraiment de rémunérer les agriculteurs. Tout le monde a le droit de vivre."

Une marque en plein développement. Pour financer leur projet, les éleveurs ont réussi à lever un million d'euros sur la plate-forme de financement participatif My New Start-up. Grâce au soutien de Système U et de Leclerc, la marque sera présente dès le début de la semaine prochaine dans une centaine de supermarchés de l'Ouest de la France.