Football européen : les clubs riches toujours plus riches

A l'image de Chelsea, les clubs anglais profitent pleinement des droits TV faramineux.
A l'image de Chelsea, les clubs anglais profitent pleinement des droits TV faramineux. © Adrian DENNIS / AFP
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Clément Lesaffre , modifié à
Un rapport de l'UEFA met en lumière les disparités importantes entre clubs et championnats européens en termes de revenus. Grâce aux droits télé, les Anglais sont tranquilles.

Les clubs de football européens se portent bien, merci pour eux. Enfin surtout les plus riches en fait. Dans son rapport annuel, l'UEFA souligne que la croissance des revenus des clubs de football de première division continue à un rythme effréné. Tout le monde en profite, mais c'est d'autant plus le cas pour grandes équipes et les clubs anglais. 

Des clubs six fois plus riches qu'en 1997. Le "Panorama des clubs de football européens" publié jeudi par l'UEFA, organisme qui regroupe 55 fédérations en Europe, montre que les revenus des clubs européens de première division ont augmenté de 9,3% par an en moyenne depuis 1997. Avec ce rythme fou, ils sont désormais six fois plus riches qu'en 1997 et deux fois plus qu'en 2004. Une situation qui explique notamment l'envolée des prix des transferts ces dernières années.

Les Anglais disent merci aux droits télé. Tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Depuis 2009, les clubs anglais de première division ont gagné 1,98 milliard d'euros. C'est cinq fois plus que pour les clubs des élites italienne et française. Un tel écart s'explique en grande partie par les contrats faramineux de diffusion TV des matchs de Premier League. En 2015, les clubs de première division anglaise ont chacun touché 108 millions d'euros en moyenne grâce aux droits télévisés de leurs matches. C'est entre deux et cinq fois plus que dans les quatre autres grands championnats européens.

Paradoxalement, ce n'est pas un club anglais qui domine le classement des équipes ayant engrangé le plus de revenus issus de la diffusion TV. Le FC Barcelone a touché 142 millions d'euros en 2015, un petit million de plus que son rival le Real Madrid. L'armada anglaise truste ensuite le classement avec 17 clubs dans le Top 20, de Manchester United à Sunderland. 

La Premier League au sommet. Une comparaison illustre parfaitement les inégalités croissantes au sein du football européen : en 2015, les 20 clubs anglais de Premier League ont amassé autant de revenus que l'ensemble des clubs des 48 plus petites premières divisions de l'UEFA (toutes sauf la France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la Russie et la Turquie). Toutes sources de revenus confondus, le Real devance de peu le FC Barcelone alors que le PSG est 5ème. L'argent qui inonde le football anglais aboutit par ailleurs à un record : 46 clubs européens ont désormais des revenus supérieurs à 100 millions d'euros.

Des riches toujours plus riches. Les 30 clubs les plus riches d'Europe ont généré 8,2 milliards d'euros en 2015, soit 49% des revenus de l'ensemble des clubs de première division. "Il n'y a pas un facteur unique pour expliquer cet accroissement des disparités de revenus et de puissance d'achat des 'super clubs globaux' par rapport au reste de l'Europe", affirme l'UEFA dans ce rapport. "Il y a une dizaine d'années, les recettes commerciales et de sponsoring étaient concentrées dans le sponsoring maillot et les accords avec les équipementiers, un peu de merchandising et un petit nombre de contrats de sponsoring locaux." 

"Pour la grande majorité des clubs, cela reste le cas, mais pour la douzaine de 'super clubs' au niveau mondial, les recettes commerciales et les recettes de sponsoring augmentent, et les partenariats correspondants sont divisés et segmentés en un nombre de contrats plus élevé et plus lucratif", ajoute l'UEFA.

Le fair-play financier fonctionne. Malgré ces inégalités frappantes, l'instance du football européen dresse un bilan positif du fair-play financier, lancé en 2010. Le dispositif qui empêche les dépenses excessives et l'endettement des clubs européens a permis depuis son introduction "une énorme réduction des pertes, des investissements dans les infrastructures et des placements record des clubs." L'UEFA précise que "les pertes cumulées des clubs se sont réduites radicalement de 81% depuis la pleine application du fair-play financier, de 1,7 milliard d'euros en 2011 à près de 300 millions d'euros en 2015". Seuls quatre clubs en Europe affichent encore un déficit supérieur à 45 millions d'euros - la limite autorisée par l'UEFA - contre 11 en 2011 : l'Inter Milan, l'AC Milan, les Queens Park Rangers et Galatasaray.