En 2017, Volkswagen veut clore le chapitre du "Dieselgate"

Volkswagen fait tout son possible pour sortir du scandale des logiciels truqueurs.
Volkswagen fait tout son possible pour sortir du scandale des logiciels truqueurs. © PAUL J. RICHARDS / AFP
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Clément Lesaffre, avec AFP , modifié à
Entre ventes record et accord amiable aux États-Unis, Volkswagen espère faire oublier le scandale des moteurs truqués au plus vite. Mais la route est cabossée.

Un an et quatre mois après les révélations de l'Agence américaine de protection de l'environnement, le scandale du "Dieselgate" appartient-il au passé ? On pourrait être tenté de le croire au vu des ventes record du groupe Volkswagen en 2016. Grâce à ses 12 marques automobiles, dont Porsche, Audi, Seat et Bentley, Volkswagen a vendu 10,3 millions de voitures en 2016.

Nouveau record de ventes. Les ventes du groupe automobile allemand ont augmenté de 3,8% par rapport à 2015. Lors de la première année consécutive au "Diseselgate", Volkswagen avait écoulé 9,93 millions de voiture. L'année 2016 constitue un record pour le groupe qui n'avait jamais vendu autant de véhicules en une année. Le précédent record datait de 2014 (10,14 millions). Cette performance exceptionnelle devrait même permettre à Volkswagen de reprendre la place de premier groupe automobile mondial à Toyota, champion du secteur depuis 2008 (exception faite de 2011 à cause du séisme).

Derrière cette première bonne nouvelle s'en cache une seconde pour le constructeur. Sa marque étendard Volkswagen est également en progression de 2,8% sur un an, avec près de 6 millions de voitures vendues en 2016. Visiblement le public n'a pas gardé rancune à Volkswagen d'avoir installé un logiciel faussant les émissions polluantes lors des tests d'homologation et cachant le niveau réel de pollution aux acheteurs. A l'échelle du groupe, la forte demande en Chine (+12,2%) et le dynamisme européen (+4%) compensent la désaffection des clients américains (-2,6% au Nord et -25% au Sud).

Les États-Unis maintiennent la pression

C'est aux États-Unis que le scandale des moteurs truqués a été révélé et c'est d'ailleurs là-bas qu'il continue de connaître ses retentissements les plus inquiétants pour Volkswagen. Car, en dépit des bonnes ventes, le "Dieselgate" n'appartient pas au passé : un dirigeant du groupe vient d'être inculpé pour la première fois aux États-Unis. Olivier Schmidt, en charge des relations du constructeur avec les autorités américaines de 2012 à 2015, est poursuivi pour avoir joué un rôle-clé dans la "conspiration" visant à tromper les autorités et les automobilistes sur le niveau réel des émissions de gaz polluantes des voitures Volkswagen.

La direction dans le collimateur. Olivier Schmidt aurait informé dès juillet 2015 la direction du groupe de "l'existence, de la finalité et des caractéristiques" du logiciel truqueur et elle aurait choisi de continuer à le dissimuler. Une accusation appuyée par les nouvelles révélations de médias allemands et qui va à l'encontre de la ligne de défense de Volkswagen qui affirme que l'ancien patron du groupe Martin Winterkorn - qui a démissionné depuis - avait été mis au courant "fin août, début septembre", juste avant que le scandale n'éclate.

Opération reconquête

Pour tenter de faire oublier cette affaire embarrassante, Volkswagen se lance dans une opération reconquête. Le constructeur allemand profite du salon automobile de Détroit pour faire acte de contrition auprès des autorités et du public américain. Alors que Donald Trump menace un à un les constructeurs, Volkswagen s'est engagé, par la voix de son président Herbert Diess, à produire aux États-Unis ses véhicules électriques destinés au marché américain. Il n'a pas précisé où mais a évoqué un possible agrandissement de l'usine de Chattoonaga, dans le Tennessee, où Volkswagen emploie 3.200 personnes.

Facture de 22 milliards aux États-Unis. Volkswagen est par ailleurs en discussions avancées avec le département de la Justice américaine pour plaider coupable et verser 4,3 milliards de dollars supplémentaires d'amendes et de pénalités civiles aux plaignants. Selon l'agence Reuters, cet accord devrait être officialisé lors d'une conférence de presse ce jeudi. Ce "deal" mettrait un terme aux poursuites pénales aux États-Unis et y refermerait l'affaire des moteurs truqués. La facture totale du scandale atteindrait alors près de 22 milliards de dollars (20,8 milliards d'euros) rien qu'aux États-Unis après un premier plan de 17,5 milliards de dollars (16,6 milliards d'euros) comprenant notamment le rachat de dizaines de milliers de véhicules concernés par la fraude et des compensations en liquide.

Un règlement à l'amiable, bien que coûteux, serait une bonne nouvelle pour Volkswagen mais pas la fin définitive du scandale. Des enquêtes sont toujours en cours dans de nombreux pays, notamment en France et en Belgique. Dernièrement, une plainte collective a même été déposée contre le constructeur automobile au Royaume-Uni.