Emploi : le mea culpa de Macron

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INTERVIEW - Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a accordé un long entretien au Monde dans lequel il reconnaît que le gouvernement "n'a pas tout fait pour l'emploi" et fixe les grandes lignes de sa future loi.

En pleine préparation de la loi Macron 2, le ministre de l'Economie a accordé un long entretien au Monde. Une interview dans laquelle Emmanuel Macron le reconnaît : "on aurait dû réagir plus vite plus fort et avec plus d’audace au début, et à cet égard j’ai ma part de responsabilité". Au cours de cet entretien, Emmanuel Macron revient également sur trois axes forts de sa future loi : simplification du régime de travailleur indépendant, suppression de certaines barrières réglementaires et poursuite de la réforme des prud'hommes.

"On n’a pas tout fait pour l’emploi". Le ministre de l'Economie reconnaît que le gouvernement aurait pu faire plus en faveur de l'emploi et qu'il a lui-même une part de responsabilité dans ce retard à l'allumage. A la question "concédez-vous des erreurs depuis votre arrivée au pouvoir en 2012 ?", Emmanuel Macron répond : "oui, on aurait dû réagir plus vite plus fort et avec plus d’audace au début, et à cet égard j’ai ma part de responsabilité en tant que conseiller, à l’époque, du président de la République. De même, sans doute aurions-nous dû nous attaquer plus frontalement aux rigidités de notre système institutionnel. Ce sera, j’en suis sûr, une question centrale en 2017".

Aux yeux du ministre, il reste donc des réformes à mener et pas forcément après la prochaine élection présidentielle : "la croissance n’est pas assez riche en emplois. Et ce n’est pas une fatalité. Je ne suis pas de ceux qui disent qu’on a tout fait pour l’emploi et le marché du travail, c’est faux", a-t-il déclaré, avant d'ajouter : "nous devons être à la hauteur de l’état d’urgence économique  : c’est le moment pour engager de nouveau de grandes réformes".

A quoi ressemblera la loi Macron 2 ? Ces nouvelles réformes, le ministre veut y contribuer avec sa loi Macron 2, dont il a donné un début d'aperçu. Il a d'abord répété son intention de lever les barrières d'accès à certains emplois : "je veux revenir sur les exigences excessives en matière de qualifications professionnelles pour exercer certains métiers dès lors qu’il n’y a pas de risque pour la santé ou la sécurité du consommateur et des travailleurs  : on a parfois créé des barrières en disant que c’étaient des gages de qualité". Plusieurs métiers ont déjà été évoqués, dont celui de coiffeur ou de laveur de vitre.

Autre axe de la loi Macron 2, poursuivre le simplification administrative : "il faut donner beaucoup plus de place à l’entrepreneuriat individuel, donner beaucoup plus de simplicité aux TPE et PME dans leur parcours de croissance sur le plan fiscalo-social et réglementaire", déclare Emmanuel Macron. Quitte à favoriser l'uberisation de l'économie, qui présente à ses yeux plus d'avantages que d'inconvénients : "pour beaucoup de jeunes aujourd’hui, c’est plus facile de trouver un client que de trouver un employeur. Ils se lancent, ils travaillent plus, la rémunération ne suit pas toujours, mais ils ont accès à l’activité économique et à des perspectives de mobilité".Enfin, le ministre souhaite achever la réforme de la justice prud'hommale entamée en 2015 : "nous souhaitons aussi revenir sur les prud’hommes afin de parachever la réforme engagée dans la loi croissance avec l’instauration d’un plafond pour les indemnités prononcées". Un dossier sur lequel il devra convaincre à la fois les syndicats et les organisations patronales.