Emploi : cette fois, il faut s'accorder

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Thomas Morel avec AFP , modifié à
3' CHRONO - Syndicats et patronat se retrouvent une dernière fois vendredi.

>> L'info. Laurence Parisot annonçait jeudi matin qu'elle espérait un accord avant la fin de la journée. Les faits lui ont donné tort. Les négociations sur l'emploi, sur lesquelles la majorité compte pour enrayer la progression du chômage, ont échoué à déboucher sur un accord. Les partenaires sociaux se retrouvent vendredi pour un dernier tour de table à l'issue duquel le gouvernement pourrait légiférer si aucun accord n'est trouvé.

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Le patronat fait un pas de plus. Jeudi après-midi, le Medef, la CGPME et l'UPA, qui représentent les chefs d'entreprise, ont encore proposé un nouveau protocole d'accord à l'intersyndicale. En plus de la généralisation des complémentaires santé à tous les salariés et de la conservation des droits au chômage d'un emploi à l'autre, le nouveau texte abandonne l'idée du "contrat de projet", sorte de CDI à durée déterminée, qui permettrait de se séparer plus facilement de l'employé.

Course contre la montre. Le patronat semble céder de plus en plus de terrain aux syndicats. Il faut dire qu'à quelques heures de la fin des négociations, c'est une véritable course contre la montre qui s'est engagée pour éviter le recours législatif. Le gouvernement a en effet affirmé qu'en l'absence de terrain d'entente vendredi soir, il prendrait des mesures. Selon Alain Vidalies, le ministre chargé des relations avec le Parlement, un texte pourrait même être présenté en Conseil des ministres "avant fin février". Et il ne fait aucun doute que ce texte ne serait pas du tout favorable aux entrepreneurs.

Où sont les contrats courts ? Les syndicats, de leur côté, ne sont pas enthousiasmés par la proposition du patronat. En effet, si elle règle un certain nombre de problèmes, elle élude complètement une question jugée clé : celle de la taxation des contrats courts. Les représentants des salariés estiment que, pour contraindre les entreprises à ne pas abuser des CDD, il faut surtaxer ceux-ci. "On attend avec impatience que le patronat aborde la question des contrats précaires", souligne non sans ironie Patrick Pierron, le négociateur de la CFDT. Selon lui, le nombre de contrats de travail de moins d'un mois a augmenté de 86 % en un an..

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60 % des Français favorables. Dans leur démarche, les syndicats ont le soutien d'une majorité de la population. Selon un sondage Tilder-OpinionWay-LCI, 59 % des Français se disent favorable à une taxation des contrats courts. Un soutien qui pousse certains leaders syndicaux à refuser tout accord. C'est le cas de Bernard Thibault, de la CGT, qui a expliqué que le nouveau texte ne proposait que "davantage de précarité", tandis qu'à Force Ouvrière, Stéphane Lardy, le négociateur, affirme que "FO ne sera pas le fossoyeur du Code du travail en France".