Écotaxe : 142 portiques n'ont toujours pas été démontés

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Géraldine Woessner , modifié à
INFO E1 - Sur les 170 portiques installés au moment de l’écotaxe, quelques-uns ont été vandalisés, une poignée démantelés, mais 142 sont toujours en place, révèle mardi Europe 1.
INFO EUROPE 1

Que faire des portiques censés être utilisés pour taxer les poids lourds ? L'écotaxe a été abandonnée en 2014, mais trois ans plus tard tous les portiques installés n'ont pas été enlevés des routes. Certains ont été vandalisés, d'autres démantelés, mais sur les 170 installés en France, 142 sont encore en place, révèle mardi Géraldine Woessner dans son Vrai-faux de l'info, mardi sur Europe 1, citant des chiffres du ministère des Transports.

652 millions d'euros de matériel. Ces grandes carcasses bourrées d’électronique sont tout juste surveillées aujourd’hui : les glissières de sécurité sont entretenues mais il n'y pas de maintenance. Elles pourrissent au bord de la route. Certaines régions ne savent pas comment tout cela est géré, d'autant que le précédent gouvernement maintenait sur ce dossier une omerta complète. Car ce matériel a un coût : les 170 portiques, 230 bornes de contrôles pour les routes secondaires, 720.000 boîtiers qui devaient équiper les camions, sans compter un centre informatique dernier cri, ont coûté 652 millions d'euros, selon la Cour des comptes. Difficile d'avouer aux contribuables que tout a été jeté à la poubelle alors que l’écotaxe a déjà coûté 1 milliard de dédommagement à la société qui devait l’exploiter. Le gouvernement préfère faire profil bas. Mais le problème reste entier.

Que faire des portiques ? Les boîtiers ont été revendus à 30% de leur valeur. Les serveurs informatiques ont été rachetés à 2% de ce qu’ils avaient coûtés. Les bornes de contrôles mobiles sont stockées au service national des Ponts et secours. Restent ces portiques fixes, qui prennent la poussière. Les Douanes ont refusé de les utiliser, et la région Grand-Est, par exemple, qui aimerait s’en servir pour son projet d’écotaxe régionale, doute de pouvoir le faire. Il faudrait évaluer l’usure des équipements qui, seuls, n’ont plus grand intérêt.

Les poids lourds grands gagnants. Les collectivités enragent. L’abandon de l’écotaxe les a laissées démunies, alors que les routes se dégradent. L’État, a pu compenser la perte de revenus liée a l’écotaxe en augmentant la fiscalité sur le gazole mais les municipalités, elles, n’ont rien obtenu. Les grands gagnant dans l'affaire sont les 250.000 poids lourds étrangers qui passent en France mais achètent leur essence ailleurs et donc ne contribuent pas aux dépenses d'entretien, alors qu’ils représentent 40% du trafic routier de marchandises.

Le gouvernement veut les faire payer.Le gouvernement veut trouver un moyen de les faire payer. Plusieurs régions ont des idées. L’Île-de-France par exemple veut taxer uniquement les camions qui transitent et ne déchargent pas sur place. Mais les transporteurs sont déjà remontés à bloc : ils ne veulent plus entendre parler de l’écotaxe. L’équilibre risque d'être difficile à trouver.