Dette : les Etats-Unis "dos au mur"

Face à l'impasse des négociations avec les élus républicains, Barack Obama a tapé du poing sur la table.
Face à l'impasse des négociations avec les élus républicains, Barack Obama a tapé du poing sur la table. © REUTERS
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Frédéric Frangeul avec agences , modifié à
Si rien n’est fait avant le 2 août, l'économie américaine sera menacée de défaut de paiement.

Les négociations entre Barack Obama et les républicains sont dans l’impasse sur les mesures à prendre pour trouver une solution à l'épineux dossier de la dette américaine. Europe1.fr revient en détail sur les raisons de cette crise.

14.294 milliards de dollars. Tel est le montant de la dette américaine depuis le 16 mai dernier. Ce montant, qui correspond au maximum légal autorisé outre-Atlantique, est au cœur de l’épreuve de force en cours entre le président Barack Obama et les élus républicains du Congrès.

Un bras de fer politique. Le président américain veut obtenir le relèvement du plafond de la dette. De leur côté, les républicains, majoritaires au Congrès, demandent qu’on s’attaque en priorité au déficit. Mais pour y parvenir, Barack Obama, qui estime avoir fait un pas important en sacrifiant d’importants budgets publics, attend maintenant un geste des républicains, à savoir leur accord pour une hausse de la fiscalité des plus riches.

Augmenter les impôts des classes aisées ? Pour Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natixis, "on est dans une situation assez particulière aux Etats-Unis où les taux d'imposition sont très faibles". "L'enjeu est là : est-ce que les Américains les plus riches, qui ont bénéficié le plus de l'amélioration de l'activité économique ces quinze dernières années, doivent payer plus d'impôts?", a-t-il détaillé sur Europe 1.

Une course contre-la-montre. Les discussions aux Etats-Unis sont toujours dans l’impasse après cinq séances d’échanges. Ce qui a poussé le président américain a tapé jeudi du poing sur la table. "Le temps des décisions est venu" a-t-il fait savoir, mettant les républicains au pied du mur. Il leur a donné 36 heures pour trouver un accord. Lors d'une conférence de presse vendredi 15 juillet à Washington, Barack Obama a rappelé sa détermination. "Il nous reste peu de temps. Nous sommes dos au mur", a-t-il indiqué. "Il ne faut pas jouer avec la dette", a-t-il ajouté, jugeant le plan des républicains sans hausse d'impôts "pas sérieux".

La menace du défaut de paiement. Le Trésor américain est formel : si rien n’est fait avant le 2 août, les Etats-Unis seront menacés de défaut de paiement. En théorie, cette situation aurait pour conséquence d'interdire à l'américaine de dépenser le moindre dollar. Les fonctionnaires ne seraient donc plus payés et les retraites ne seraient plus versées. Avec pour conséquence de plonger le pays dans une crise économique majeure. Un danger que les agences de notations internationales ont bien perçu, menaçant de dégrader la note américaine actuellement à "triple A", la meilleure qui soit.

Les conséquences d’un abaissement de la note. Un abaissement de la note américaine causerait un séisme financier. Le PDG de la banque américaine JPMorgan estime en effet qu’un défaut de paiement américain pourrait être une "catastrophe" et qu’il serait donc "irresponsable d'en prendre le risque". Même point de vue pour Ben Bernanke, le président de la banque fédérale américaine, qui a exhorté les élus américains à entendre le message des agences de notation. Pour lui, la perte du "triple A" des Etats-Unis entraînerait "une hausse des taux d'intérêts, de l'incertitude" et, "assurément", une hausse du chômage.

La pression chinoise. De son côté, la Chine a également mis la pression sur les Etats-Unis pour qu’ils sortent cette impasse. Elle a demandé jeudi l’adoption des mesures "pour préserver les intérêts des investisseurs". Pékin a placé plus de mille milliards de dollars en bons du Trésor américain, soit plus d'un tiers de ses colossales réserves de change. De quoi demander quelques garanties sur l’état de l’économie américaine.

Quelles issues possibles ? En cas de désaccord persistant, Barack Obama peut décider tout seul de relever le plafond de la dette. Mais il serait alors le seul à assumer la détérioration des comptes publics, ce qui constituerait une aubaine pour ses adversaires républicains, à un an de l'élection présidentielle américaine. Ces derniers pourraient néanmoins se voir reprocher d'avoir privilégier leurs intérêts électoraux aux dépens de ceux de la nation américaine.

Dernière rallonge du Trésor américain. Faute de sortie de crise imminente, l'équivalent du ministère des Finances a du lancé "la dernière" de ses "mesures extraordinaires" pour éviter au pays un défaut de paiement d'ici au 2 aout. Le Trésor américain a ainsi du réaffecter les sommes destinées au Fonds de stabilisation des changes, un organisme de stabilisation des exportations..