Des salariés d'Aulnay se replient à Poissy

© MaxPPP
  • Copié
avec agences , modifié à
Face à la montée des tensions, les syndicats ont voté un plan de départ anticipé de l'usine.

L'ACTU. L'usine de PSA Aulnay, qui ne doit fermer ses portes qu'en juin 2014, va temporairement se vider de ses salariés. Au moins trois cent employés volontaires vont en effet être transférés à partir de fin février vers l'usine de Poissy, dans les Yvelines. Des départs anticipés mis en place pour faire face aux risques de heurts entre grévistes et non grévistes.

>> A Aulnay, les non-grévistes ont peur

Une ruée de volontaires ? A partir de la fin février, les salariés qui le souhaitent pourront ainsi, à raison d'une cinquantaine de personnes chaque semaine, quitter l'usine d'Aulnay pour un mois renouvelable. Trois cents salariés se sont portés volontaires à la mobilité, seulement deux jours après l'ouverture de pôles destinés à les informer sur cette possibilité, selon la direction.

Aulnay PSA

Une situation de plus en plus tendue. Le ton est récemment monté entre les salariés qui continuent de bloquer l'usine et les partisans d'une reprise du travail, poussant même le gouvernement à nommer un conciliateur jeudi pour "favoriser le retour au calme". "Il y a eu une montée de violence, des lances à incendie ont été utilisées contre des personnes, un extincteur a été balancé à travers la vitre d'un bureau. Ils se servent même de bouteilles remplies d'urine pour les verser sur les gens ", avait ainsi déploré la veille une porte-parole de la direction de l'usine. "Il y avait à peu près 80 personnes qui ont disjoncté. Ils sont venus avec des bouts de bois, terrorisant les gens", avait également décrit Tanja Sussest, déléguée du syndicat maison SIA, majoritaire à Aulnay.

>> À lire : un pompier pour Aulnay-sous-Bois

Tous les syndicats ont voté pour… Les syndicats ont approuvé vendredi ce déblocage anticipé des départs d'employés du site de Saint-Denis vers celui des Yvelines, après un scrutin organisé lors d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire. "Nous avons demandé des mobilités temporaires parce qu'il faut que nous portions assistance à personnes en danger", n'a pas hésité à déclarer Christian Lafaye, délégué FO. Et de poursuivre : "il y a plus de 30% de gens qui sont chez eux en maladie, en dépression et qui ne veulent plus mettre les pieds à l'usine parce qu'ils ont peur ".

Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de l'usine PSA d'Aulnay, 930*620

© REUTERS

… sauf un. Seule la CGT n'a pas voté pour un départ anticipé des salariés vers Poissy. La confédération, qui continue de contester la fermeture d'Aulnay et de soutenir la grève, a toujours réfuté les agressions commises envers les non-grévistes. Selon le syndicat, toutes les tensions sont causées par la direction. "La pression des cadres qui viennent d'autres sites s'est renforcée, ils se rapprochent en groupe des salariés qui font grève, suivis par des huissiers qui ont une caméra au poing, au bout d'un moment, oui, ça crée un climat de tension, c'est inacceptable", avait ainsi défendu mercredi Jean-Pierre Mercier, délégué CGT.

>> PSA: les syndicats (vraiment) convaincus?

Une fermeture prématurée d'Aulnay ? Si la CGT a refusé de voter le transfert des salariés, c'est qu'elle craint également une fermeture anticipée de l'usine de Seine-Saint-Denis, prévue à l'origine pour 2014. Selon le plan de restructuration de la direction, la moitié des salariés d'Aulnay doit être déplacée à Poissy, mais seulement après la fermeture des portes. Et celle-ci continue, pour l'heure, d'affirmer que le calendrier sera respecté. Et que ce transfert anticipé n'est que provisoire, le temps que les tensions s'apaisent. "Il n'est pas question de vouloir précipiter une fermeture du site, nous avons prévu de produire le véhicule C3 à Aulnay jusqu'en 2014", a ainsi déclaré Denis Martin, directeur industriel de PSA.

>> A Aulnay, le reclassement est lancé