Déficit : l’Allemagne lassée des "promesses" françaises

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RAPPEL A L’ORDRE - La France a annoncé qu’elle n’arrivera pas à respecter ses objectifs budgétaires. L’Allemagne ne cache pas sa lassitude.

La règle d’or budgétaire, qui impose de ne pas dépasser 3% de déficit public, c’est elle. La promotion de l’orthodoxie budgétaire, c’est encore elle. Elle ? L'Allemagne. C’est donc outre-Rhin qu’Europe1.fr est allé observer les réactions, après que la France a reconnu qu’elle ne respectera pas ses obligations. Et cela tombe bien : Angela Merkel s’est exprimée mercredi devant le parlement allemand, en plein examen du budget 2015. La chancelière a espéré, sans la nommer, que la France respecte "enfin" ses promesses. Le jugement de la presse allemande n’est pas plus clément.

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"Tenir nos promesses doit enfin devenir la marque de fabrique". Notre ministre des Finances Michel Sapin l’a reconnu mercredi matin : non, la France ne respectera pas son objectif de limiter le déficit public à 3%. De l’autre côté du Rhin, l’Allemagne est en train de voter un budget à l’équilibre au niveau fédéral pour la première fois depuis 1969.

Venue s’exprimer devant le parlement à ce sujet, la chancelière Angela Merkel a tenu des propos sibyllins, critiques à peine voilées des errements de la France. "Le financement de l'économie à crédit doit enfin cesser", a martelé la chancelière, évoquant un devoir envers les générations à venir, dans un pays vieillissant. "Une stricte discipline sera nécessaire du côté des dépenses", a-t-elle ajouté, "et ce qui vaut pour l'Allemagne vaut aussi pour l'Europe". Et Angela Merkel de conclure : "tenir nos promesses doit enfin devenir la marque de fabrique de la zone euro".

La presse allemande face au "coup fourré" français. Le dérapage budgétaire français fait également l’objet de nombreux articles outre-Rhin, et le ton n’y est pas vraiment compréhensif. C’est notamment le cas sur le site du Handelsblatt, quotidien économique d’obédience libérale, qui a choisi pour visuel un Michel Sapin assoupi et une accroche pour le moins corrosive : "Nouveau coup fourré de la France : le déficit public devrait atteindre 4,3% du PIB. La France enfreint clairement la règle européenne des 3%, ce qui pourrait avoir de graves conséquences".

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Quant au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, il ne cache pas son pessimisme en titrant son article : "La France prendra en main son budget au plus tôt en 2017". Un titre à double sens puisque le terme "Haushalt" signifie budget public mais aussi le foyer, la maison. Sous-entendu : la France ne tient pas son foyer. Le Spiegel pour sa part, pourtant de centre gauche, a lui aussi choisi pour visuel une photographie de Michel Sapin assoupi. Tout un symbole.

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