Déficit : Hollande salue le délai de 2 ans

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Thomas Morel avec Isabelle Ory et Camille Langlade , modifié à
Bruxelles a accordé à la France un sursis supplémentaire pour ramener son déficit sous 3%.

A en croire la Commission européenne, la crise est encore très loin d'être finie. Vendredi matin, Bruxelles a publié ses prévisions pour l'année 2014. Loin de s'arranger, l'économie de l'Union devrait encore s'aggraver, notamment en France.

Une économie en récession. Le premier enseignement, c'est que la France, qui n'avait plus connu de récession depuis 2009, devrait revoir son activité diminuer cette année. Selon la Commission européenne, le PIB français devrait diminuer de 0,1 % cette année, quand le gouvernement table de son côté sur une croissance de 0,1 %. Pour 2014, en revanche, Bruxelles s'attend à un redémarrage de l'activité, avec un PIB en hausse de 1,1 %, proche de la prévision de Bercy (1,2 %).

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Un déficit qui se creuse encore. La faiblesse de la croissance aura pour les économistes de la Commission européenne de lourdes conséquences sur le budget. Loin de se résorber, il devrait encore s'aggraver l'an prochain pour atteindre 4,2 %. Bien loin de l'objectif affiché de Pierre Moscovici de ramener le déficit à 2,9 %, que le Commissaire européen aux affaires économiques Olli Rehn n'a pas manqué vendredi de qualifier d' "excessivement optimiste". Il a ainsi estimé "raisonnable" d'accorder un délai supplémentaire de deux ans à la France pour revenir sous la barre des 3 %.

Plus de réformes ? En contrepartie, la Commission européenne réclame plus de réformes de la part de Paris. Olli Rehn a ainsi ouvertement réclamé une réforme des retraites. Bruxelles attend aussi de voir si le crédit d'impôt aux entreprises sera suffisant pour relancer la compétitivité. Autres pistes : libéraliser le rail et le marché de l'énergie et améliorer la concurrence dans les services en ouvrant les professions réglementées comme les taxis, les notaires et les avocats. L'Europe guette enfin la simplification administrative promise par François Hollande. 

Pour Hollande, la croissance est "au premier rang". Pour François Hollande, ce délai supplémentaire "vient consacrer ce que la France a demandé depuis un an : qu'on mette la croissance au premier rang". Mais le chef de l'Etat prévient : "ne croyons pas que, parce qu'on a cette souplesse, (…) nous puissions nous dispenser du sérieux budgétaire". François Hollande a réaffirmé les deux objectifs du pays : "que la dépense publique n'augmente pas d'une année sur l'autre" et "faire des réformes structurelles pour la croissance."

"Le gouvernement maintient le cap". Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a relativisé les annonces de la Commission européenne dans un communiqué. Selon lui, l'écart entre les prévisions de croissance de Bruxelles et celles du gouvernement n'est "pas significatif, compte tenu des incertitudes qui les entourent". Il reste d'ailleurs persuadé que la croissance française sera "un peu plus élevée" que les prévisions de la Commission. Il s'est également félicité que l'Europe "ne recommande pas d'adopter des mesures de redressement supplémentaires". "Le gouvernement maintient le cap du sérieux budgétaire et des réformes et confirme son objectif d'amélioration des comptes publics", a-t-il encore ajouté.

Barnier réclame du "courage". Sur Europe 1 samedi matin, Michel Barnier, le membre français de la Commission européenne, a réclamé du "courage politique" au gouvernement et à l'opposition. "C'est un moment de vérité pour le gouvernement qui doit avoir le courage politique de faire ces réformes qui vont parfois être mal comprises, qui vont demander des efforts, mais aussi pour l'opposition qui doit avoir le courage politique de soutenir le gouvernement quand il fera des efforts qui vont dans la bonne direction", a ajouté Michel Barnier.