Déficit : 4% au lieu de 4,4%, ça change quoi ?

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avec Emmanuel Duteil
ARGENT PUBLIC - Le déficit public français pour l’année 2014 est finalement moins élevé que prévu, ce qui offre au gouvernement plus de marges de manœuvre.

Après avoir redouté le pire, le gouvernement peut souffler : le déficit public français a finalement été moins élevé que prévu en 2014. Etat, protection sociale et collectivités territoriales ont donc limité leurs dépenses, ce qui permet au gouvernement de nouvelles marges de manœuvre financières. Mais que va-t-il faire de cet argent non dépensé ?

Un déficit moins élevé que redouté. L'Institut national de la statistique et des études économiques a fait ses comptes : la France a enregistré en 2014 un déficit public équivalent à 4,0% de son Produit intérieur brut (PIB), alors que la dernière prévision était de 4,4%. Soit une différence de 8 milliards d’euros. L'Insee a indiqué que la dépense publique totale avait augmenté de 1,6% en 2014 : c'est son rythme "le plus bas depuis 1998", a tenu à préciser le ministère des Finances.

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© LOUISA GOULIAMAKI/AFP

Pourquoi le déficit est-il moins élevé ? Plusieurs facteurs expliquent cette bonne nouvelle : il y a d’abord les taux d’intérêt, qui sont historiquement bas et coûtent donc moins cher à la France lorsqu’elle emprunte de l’argent. Il y a ensuite l’inflation quasi-nulle, qui a permis de ne pas revaloriser les minimums sociaux et les prestations sociales. Le déficit de la Sécurité sociale est également moins élevé que prévu, permettant une économie de 2 milliards d’euros. En outre, les finances des collectivités territoriales ont moins dérapé par rapport à ce qui était attendu, et pour cause : après une année électorale, ces dernières ont tendance à limiter leurs dépenses, surtout dans le cas d’une alternance politique. En même temps, elles n'avaient pas vraiment le choix : l'Etat a réduit les dotations aux collectivités territoriales

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A quoi va servir l’argent économisé ? Avant de détailler comment cette marge de manœuvre retrouvée va être utilisée, une précision s’impose : il ne s’agit pas d’argent non dépensé et donc mis de côté, mais d’argent qu’il n’a pas fallu emprunter. Car si le déficit public est moins élevé que prévu, la France continue de dépenser plus d’argent qu’elle n’en gagne. Les 8 milliards qui n’ont pas été dépensés ont donc peu de chance d’être redistribués, sous forme de baisse d’impôts ou de dégel des prestations sociales.

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Cette marge de manœuvre retrouvée va plus probablement servir à améliorer les comptes publics afin de respecter les promesses faites à l’Union européenne : repasser sous la barre des 3% de déficit en 2017. Le gouvernement compte donc revoir à la baisse ses prévisions de déficit pour 2015, comme l’a reconnu jeudi Michel Sapin : cette bonne nouvelle "a ouvert la perspective d'une révision à la baisse du déficit public en 2015, aux alentours de 3,8% du PIB", au lieu de 4,1% comme prévu jusqu'ici. Et ce tout en respectant la promesse du gouvernement de ne plus augmenter la fiscalité jusqu'à la fin du quinquennat.

Mais la Commission européenne a prévenu : malgré cette bulle d’oxygène, la France ne pourra pas éviter des réformes structurelles pour limiter ses dépenses futures. D’autant que la dette française, elle, continue de progresser : elle a atteint en 2014 95% du PIB contre 92,3% en 2013.