Crise du porc : le bras de fer s'intensifie

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avec AFP , modifié à
AGRICULTURE - Aucune cotation n'aura lieu jeudi au marché du porc breton (MPB), qui fixe le prix de référence au niveau national, en l'absence des deux principaux acheteurs qui refusent de payer le prix revalorisé.

Cooperl et Bigard campent sur leur position. Refusant d'être contraints d'acheter le kilo de porc à un tarif de 1,40 euro qu'ils jugent trop élevé, les deux principaux acteurs de la filière ont à nouveau boycotté le marché du porc breton (MPB), qui fait office de référence pour la fixation des prix en France. Le président du MPB, Daniel Picart, a annoncé jeudi matin qu'il n'y aurait pas de cotation et espéré qu'elle puisse avoir lieu vendredi. "Je lance un appel d'ici demain pour que la cotation se passe", a aussitôt déclaré le président de l'Union des groupements producteurs de viande en Bretagne, Michel Bloc'h. Mais rien ne dit que Cooperl et Bigard accepteront vendredi ce qu'ils refusent depuis lundi. Les représentants des éleveurs demande une nouvelle intervention de l'Etat.

Pourquoi cette absence pose-t-elle problème ? A eux deux, Cooperl et Bigard représentent 30% des achats de porcs sur le MPB. Leur absence modifie donc significativement l'équilibre entre offre et demande et empêche la fixation d'un prix représentatif de l'état du marché. Or le prix fixé au MPB fait office de référence pour tout le pays. Sans oublier un autre problème de taille : les producteurs se retrouvent avec des animaux prêts à partir à l'abattoir mais qu'ils ne peuvent pas vendre. "Aujourd'hui ces deux entreprises ont dévié du règlement du marché qu'elles ont signé" et elles "sont aujourd'hui hors la loi", a réagi le président du MPB.

Pourquoi Cooperl et Bigard refusent-ils de participer à ce marché ? Ils savent qu'ils sont attendus au tournant pour vérifier s'ils respectent la promesse de toute la filière de ne pas acheter de porc en-dessous des 1,40 euro le kilo. Un prix qui a été décidé en juin dernier, après un nouveau mouvement de grogne des éleveurs. Sauf que si les éleveurs estiment ne pouvoir survivre qu'à partir de 1,40 euro le kilo, les abattoirs et les industriels jugent ce tarif trop élevé pour eux. Surtout quand le porc espagnol et allemand se vendent à 1,26 et 1,38 euro le kilo. Les points de vue de chacun sont donc difficilement conciliables, surtout lorsqu'on sait que l'Organisation Nationale des Eleveurs de Porcs réclame un tarif de 1,60 euro le kilo.

Les éleveurs réclament (encore) l'intervention du gouvernement. L'annulation de la cotation jeudi à peine rendue publique, le président de l'Union des groupements producteurs de viande en Bretagne a interpellé les pouvoirs politiques pour qu'il forcent tous les acteurs de la filière à se rasseoir autour de la table. "Je lance un appel au Premier ministre, à son cabinet, je veux pas lui foutre en l'air ses vacances, bien au contraire mais il faut au minimum que ses conseillers nous reçoivent dès demain", a déclaré Michel Bloc'h, qui est aussi vice-président du comité régional porcin. "Cette situation est inextricable pour nous producteurs (...), il faut que l'État entende, je veux que monsieur Valls nous entende sur ce discours-là".