Crise à FO : "Le mandat Pavageau était parti sur de mauvaises bases"

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Anaïs Huet , modifié à
Quelques heures après la démission fracassante de Pascal Pavageau de la direction de Force ouvrière, Rémi Bourguignon, spécialiste des syndicats, explique sur Europe 1 pourquoi cette crise n'a rien d'étonnant.
INTERVIEW

À peine sept mois après son élection à la tête de Force ouvrière, Pascal Pavageau a jeté l'éponge, en pleine controverse sur le fichier des dirigeants révélé la semaine dernière par Le Canard enchaîné. Mais selon Rémi Bourguignon, maître de conférences à l'université Paris 1-Panthéon-Sorbonne et spécialiste des syndicats, la crise couvait depuis longtemps.

"Une ampleur que l'on ne pouvait pas anticiper". "Le mandat Pavageau était parti sur d'assez mauvaises bases. On se rappelle du congrès il y a six mois, particulièrement violent, avec des scènes inédites entre l'ancien secrétaire général Jean-Claude Mailly et Pascal Pavageau, qui refusent de se croiser, s'injurient presque publiquement… On se doutait bien que ça provoquerait des crises, des remous. En revanche, c'est d'une ampleur que l'on ne pouvait pas anticiper", analyse le spécialiste au micro d'Europe 1 mercredi midi. 

"Plus rien ne les rassemble". Pourtant, la singularité de FO dans le panorama syndical français a déjà conduit à des tensions importantes. "C'est une organisation très hétérogène depuis sa création, puisqu'elle s'est fondée sur un principe : l'anti-communisme. Ce syndicat rassemblait des gens de droite, des anarchistes, des réformistes, qui avaient en commun de se méfier du communisme. La menace communiste ayant disparu, ils n'ont plus rien qui les rassemble", rappelle Rémi Bourguignon. Force ouvrière est, selon lui, un syndicat à la dérive depuis le début des années 90, et "en manque d'une ligne."

Des crises désormais traitées "en externe". À en croire le spécialiste des syndicats, la longévité de Jean-Claude Mailly à la tête de FO (14 ans) ne peut cacher les dissensions qu'a connu l'organisation. "Mais jusqu'ici, les crises étaient toujours traitées en interne. Aujourd'hui, ça se traite en externe", explique-t-il. Dès lors, l'aile droite et l'aile gauche de FO sont-elles devenues irréconciliables ? Pour Rémi Bourguignon, "ce sont les mois à venir qui vont nous le dire."