"Conti" : une victoire, mais une usine vide

Xavier Mathieu, délégué CGT de l'usine Continental de Clairoix, dans l'Oise.
Xavier Mathieu, délégué CGT de l'usine Continental de Clairoix, dans l'Oise.
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Sophie Amsili et Xavier Yvon , modifié à
TEMOIGNAGE E1- Victoire symbolique pour Xavier Mathieu qui, comme 21 salariés, voit son licenciement annulé.

"Je suis heureux aujourd'hui, même si j'ai mal." Xavier Mathieu a témoigné sur Europe 1 vendredi matin de sa victoire au goût amer après la décision, jeudi, du tribunal administratif d'Amiens. Celui-ci a annulé le licenciement de 22 salariés protégés de l'usine Continental de Claroix, dans l'Oise. Problème : l'usine a fermé en 2009 et cette victoire n'est donc que symbolique.

"Vous gagnez mais l'usine est vide". "J'ai appelé mon directeur tout à l'heure pour lui dire qu'à partir de demain, j'aimerais bien pouvoir retravailler sur ma machine", glisse Xavier Mathieu, ancien délégué CGT de l'usine devenu le charismatique leader des "Conti". A cette "boutade", le directeur en répond par une autre, poursuit Xavier Mathieu : "Il faut d'abord qu'on retrouve votre machine, on ne sait pas où elle a été envoyée." Et c'est bien ce que dénonce l'ancien syndicaliste du site de Clairoix : "Bien sûr que ma machine a été envoyée je ne sais pas où pour produire ! (…) Quatre ans après, vous gagnez mais l'usine est vide, les machines sont en Roumanie, au Brésil ou en République tchèque."

Objectif : une loi sur les sites rentables. Les motivations du tribunal administratif ne devraient être transmises que la semaine prochaine, a indiqué l'avocate de 17 salariés, Me Alexandra Soumeire. Mais pour elle, le tribunal a retenu l'absence de motif économique plutôt qu'une erreur de procédure. Pour Xavier Mathieu, c'est une nouvelle preuve qu'il est nécessaire de créer une loi sur la reprise des sites rentables, promise par le gouvernement pour cet été. "Quand on voit que depuis la fermeture de l'usine, Continental a fait plus de 3 milliards de bénéfices, ça me donne envie de gerber", lance l'ancien "Conti". "II faut que ce gouvernement qui se dit de gauche fasse cette loi et oblige les entreprises à ne pas fermer les boîtes tant que les raisons économiques ne sont pas entièrement justifiées devant les tribunaux, parce là c'est le cas."

>> VOIR AUSSI : Une loi pour les sites rentables

Les Prud'hommes doivent encore examiner d'ici à la fin du mois les dossiers de 700 salariés de l'usine Continental qui contestent leur licenciement.