Comment l’Etat veut relancer l’investissement dans les PME

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et Anne-Laure Jumet , modifié à
INFO E1 - Pas de relance de l’emploi sans des entreprises en forme. Le gouvernement prépare donc un nouveau coup de pouce aux PME.

Après la déroute des élections départementales, Manuel Valls s'est adressé mardi aux députés socialistes pour les convaincre d'"approfondir les réformes" sans changement de cap vers la gauche. Et pour mieux les convaincre, le Premier ministre a davantage parlé d’investissement que d’austérité en évoquant de nouvelles mesures de soutien à l'investissement privé et aux PME. Une feuille de route que le président de la République doit dévoiler en fin de semaine mais dont Europe 1 a déjà obtenu les grandes lignes.

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Les sociétés d’autoroute sollicitées. L’Etat finalise un chantier national d’envergure sur les autoroutes : un plan autoroutier de plus de 3 milliards d’euros qui sera lancé dans les prochains jours et constituera une bouffée d’air pour le PME du secteur des travaux publics. Car ce plan est censé permettre la création de 10.000 emplois et présente l’avantage de ne rien coûter à l’Etat. Ce sont en effet les sociétés d’autoroute qui vont le financer, en échange d’un allongement de la durée de leur concession. Et donc indirectement les automobilistes.

Les compagnies d’assurance au secours de l’économie. L’assurance-vie reste le placement préféré des Français et contribue déjà au financement de l’économie : 56% des sommes ainsi placées sont investies dans des entreprises. Mais le gouvernement estime qu’il est possible d’en faire plus, d’autant que l’argent afflue ces dernières années sur ce type de placement.

Pour y arriver, le partenariat entre la Banque Publique d’investissement (BPI) et cinq grandes compagnies d’assurance opérant en France va être renforcé. Ces dernières ont déjà investi 700 millions d’euros en quatre ans dans des PME innovantes comme les biotechnologies, mais les discussions en cours portent sur une nouvelle enveloppe d’un milliard d’euros.

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L’Etat a également autorisé le lancement d’un nouveau produit financier baptisé Eurocroissance. Son principe : permettre aux épargnants de miser dans des projets de long terme en bloquant les sommes investies pendant plusieurs années pour permettre aux entreprises de voir venir. Les sociétés d’assurance estiment que ce produit pourrait permettre d’injecter plusieurs dizaines de milliards d’euros dans l’économie.

Dernière réforme envisagée dans le domaine des assurances : changer les règles prudentielles qui obligent les assureurs à mettre de côté une partie de l’argent qu’ils récoltent afin d’en réinjecter une partie dans l’économie réelle. Mais la France devra obtenir le feu vert de la Commission européenne pour y arriver.

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Les filières d’avenir relancées et rationalisées. A la rentrée 2013, Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement, lançait 34 plans industriels dans les filières d’avenir avec un principe simple : chaque euro investi par l’Etat devait convaincre le secteur privé d’en investir dix. Mais le nouveau ministre de l’économie Emmanuel Macron estime que les filières ciblées sont trop nombreuses et donc peu lisibles pour les investisseurs privés. Le gouvernement va donc revoir le dispositif pour le concentrer sur une dizaine de filières et le rendre plus efficace.

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Saisir l’opportunité du plan Juncker. Le plan, qui a permis à Jean-Claude Juncker d’être élu président de la Commission européenne, suit la même logique que les plans industriels de Montebourg : investir un peu d’argent public pour convaincre le secteur privé de suivre. Si tout se passe comme prévu, l’enveloppe au niveau européen devrait être garnie de 315 milliards d’euros et la France compte bien en faire profiter les entreprises françaises. L’Etat prépare donc plusieurs initiatives communes avec ses partenaires européens, à l’image d’un partenariat avec l’Allemagne pour développer des bornes de recharge pour des véhicules fonctionnant à l'hydrogène.

Modifier la fiscalité des investissements dans les PME. Pour compléter son action, le gouvernement envisage également de modifier la réglementation des PME, notamment les incitations fiscales pour investir dans les start-up. Un changement envisagé dans le cadre de la future loi Numérique et entrepreneuriat. Les pistes envisagées n’ont cependant pas encore été précisées. On peut imaginer un relèvement du plafond donnant droit à des déductions fiscales : actuellement, un investisseur obtient une réduction d’impôt jusqu’à 50.000 euros investis, un seuil qui pourrait être relevé.

Et simplifier la vie des petites entreprises. Le dernier levier que le gouvernement veut actionner pour aider les PME est réglementaire. Si l’idée d’un contrat de travail spécifique, et moins protecteur, est a priori écarté, d’autres changements pourraient voir le jour : améliorer le statut de la micro-entreprise, faciliter les transmissions d’entreprises, ou encore alléger les contraintes fiscales qui pèsent sur une entreprise lorsqu'elle franchit le seuil des dix, vingt ou cinquante salariés.

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