Comment être sûr que l’électricité de mon fournisseur est vraiment "verte" ?

Bien qu'ils proposent des contrats verts, la plupart des fournisseurs continuent d'investir massivement dans le nucléaire ou le charbon.
Bien qu'ils proposent des contrats verts, la plupart des fournisseurs continuent d'investir massivement dans le nucléaire ou le charbon. © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
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Malgré la myriade de contrats "verts" proposés par les fournisseurs, l'énergie qui sort de votre prise est encore loin d'être verte. Mais certains opérateurs s'engagent plus que d'autres à changer la donne, selon une étude de Greenpeace.

L’énergie proposée par les fournisseurs est-elle aussi verte que le promettent certains de leurs contrats ? Pas vraiment, souligne une étude publiée vendredi par Greenpeace. Selon l'ONG de défense de l'environnement, seuls deux opérateurs fournissent une électricité 100% renouvelable en France (Energie d’ici et Ilek) et un seul s’en approche à 97% (Enercoop). Les "grands noms" de l’énergie - Total Spring, Direct Energie (racheté par Total), Engie et sa filiale Happ-e, EDF et sa filiale Sowee - sont en revanche pointés du doigt, fournissant essentiellement de l’électricité non renouvelable, et ce malgré la mise en place de contrats "verts". Comment expliquer un tel décalage ? Comment le consommateur peut-il s’y retrouver ? Explications.

Pourquoi les contrats verts ne garantissent-ils pas forcément de l’énergie verte ?

En souscrivant à un contrat vert, peut-être pensiez-vous que l'électricité qui arriverait par votre prise serait issue d'énergies renouvelables. En réalité, c'est un peu plus compliqué que ça. Les fournisseurs d'électricité n'ont, en effet, pas la main sur le type d'électricité qui arrive chez vous, le réseau étant géré par Enedis (ex-ERDF). Dans votre foyer, peu importe votre contrat et votre opérateur, l’électricité qui sort de votre prise reste un mix d’énergie provenant du charbon, du nucléaire ou d’énergie renouvelable. Actuellement, la part de cette dernière s’élève à 16% au niveau national, peu importe le contrat auquel vous souscrivez.

Ce qui change avec un contrat vert, c'est ce que va devenir l'argent que vous versez au fournisseur. Avec le contrat "vert", les fournisseurs s'engagent à verser une sorte de prime aux producteurs d'énergies renouvelables. Ces contrats attestent en effet qu'une quantité équivalente d'électricité renouvelable à celle qui a été vendue au client a bien été injectée dans le réseau d'électricité, en France ou ailleurs en Europe. Si vous payez 100 euros d'électricité par mois en ayant souscrit à un contrat vert, 100 euros par mois iront donc aux énergies renouvelables. 

Pourquoi y a-t-il, selon Greenpeace, des fournisseurs plus verts que d’autres ?

Certains fournisseurs s’engagent cependant plus que d’autres dans leur politique d'investissement. Energie d’ici, Ilek et Enercoop, s’approvisionnent ainsi uniquement auprès de petits fournisseurs locaux d’énergie renouvelable, respectueux de l'environnement. Le consommateur a donc la garantie qu’en prenant un contrat chez eux (plus cher que la moyenne), il finance une entreprise qui ne mise QUE sur le renouvelable. En clair, aucun investissement de ces trois sociétés n’ira jamais dans le charbon ou le nucléaire. 

D’autres opérateurs ont également entamé une reconversion, et pourraient arriver à un résultat similaire à moyen terme. C’est le cas de Planète Oui, ekWateur, Energem-UEM, Gaz et Electricité de Grenoble (GEG), Sélia et Alterna.

Les "mauvais élèves", comme Total ou EDF, continuent pour leur part d’investir massivement dans les énergies non renouvelables, via l'argent de leurs contrats non "verts". L’argent de leurs contrats verts est, lui, bien investi dans le renouvelable. Mais on ne sait pas bien où. Selon une enquête de 60 Millions de consommateurs, en 2016, 90% de l’argent des contrats verts étaient réinvestis dans des barrages hydrauliques, des édifices qui ont parfois de forts impacts sur l’environnement. L'éolien et le solaire, eux, bénéficient de peu d'investissements de leur part.

Comment le consommateur peut-il s’y retrouver ?

Pour savoir où en est son opérateur dans la part de renouvelable qu’il finance, le consommateur peut d’abord consulter ici le guide établi par Greenpeace. L'organisation a élaboré son propre classement à partir de critères précis : quelle électricité produisent-ils (pour ceux qui sont producteurs) ? Quelle est leur politique d'achat d'électricité ? Quels investissements (et désinvestissements) ont-ils effectué ?

Au-delà de ce guide, le consommateur peut aussi contacter lui-même son opérateur et lui poser les mêmes questions que Greenpeace. Il peut aussi passer au crible le contrat qu’il a signé, ou consulter avant de signer "la fiche descriptive" du contrat vert proposé, que la plupart des  fournisseurs mettent à disposition sur internet. Celle d’EDF, par exemple, indique que son contrat vert est "certifié par le mécanisme des Garanties d’origine". Ce certificat garantit "qu'EDF injecte sur le réseau autant d'électricité d'origine renouvelable que la totalité de la consommation des clients". En clair, avec une telle garantie, le consommateur sait qu’il finance bien l’énergie renouvelable. Mais il ne sait ni dans quel pays, ni dans quelle sorte d’énergie renouvelable EDF va investir, ni quelle part d’énergie non renouvelable le groupe finance via ses autres contrats.

À l’inverse, chez les "bons élèves", les contrats sont beaucoup plus transparents. Chez Ilek, par exemple, vous pouvez carrément choisir la région et le type d’énergie dans lequel vous souhaitez investir (hydraulique ou éolien). Sur les sites d’Energie d’ici et Enercoop, vous trouverez une carte des producteurs (tous Français) chez qui l’entreprise se fournit, et leur spécialité. Mais cette transparence a un coût, puisque ces offres sont en moyenne 20% plus chères que les offres classiques.