Combien coûte le projet socialiste ?

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avec Patrick Roger , modifié à
Mardi, le PS présente son projet pour 2012. L’analyse chiffrée de l’économiste Marc Touati.

Retour des emplois jeunes, sortie du tout nucléaire, fin de la baisse de la TVA dans la restauration, etc. : le projet du Parti socialiste pour 2012, présenté mardi, se déclinera en 20 à 30 propositions, que portera le ou la candidat (e) à l’élection présidentielle. Marc Touati, économiste, a consulté le programme, et en décrypte le coût pour Europe 1.

Quel coût global ? "Malheureusement, il y a beaucoup de dépenses et pas beaucoup de recettes supplémentaires pour financer ces dépenses, c’est très inquiétant", analyse le spécialiste. "Sans compter la sortie du tout nucléaire, les mesures phares vont coûter au moins 20 milliards d’euros en sachant que presque rien n’est annoncé en terme de recettes. Si on parle de la fin du bouclier fiscal, ça fait à peine 600 millions d’euros, et la fin de la TVA sur la restauration, deux milliards d’euros", a-t-il calculé.

2,5% de croissance, est-ce possible ? Pour que son projet économique fonctionne, le Parti socialiste table sur une hypothèse de croissance de 2,5 % du PIB pour le prochain quinquennat. "C’est très optimiste. La croissance structurelle de l’économie française, c’est-à-dire sans relance et sans crise, est dans le meilleur des cas de 1,8%", selon Marc Touati.

"Si on annonce 2,5% qui vont tomber du ciel (…) On risque d’avoir une sanction des marchés", s’inquiète-t-il.

Que vont en penser les investisseurs ? Marc Touati craint qu’avec ce projet, les investisseurs soient inquiets. "On se demande d’où vont venir les fonds pour financer cela, c’est ça qui est très inquiétant. Aujourd’hui, on a déjà une dette publique en France de 1.500 milliards d’euros, quasiment 82% de notre PIB (ndlr produit intérieur brut)", analyse l’économiste.

"Si ce projet est mis en place et qu’on dit encore une fois qu’on va augmenter les dépenses publiques, ça risque d’inquiéter les investisseurs. Aujourd’hui la France est sauvée parce qu’elle a la meilleure note possible sur sa dette publique, le fameux triple - AAA - . Mais si ça change, ça peut tourner au scénario catastrophe", s’inquiète Marc Touati.

D’après l’économiste, ce projet est comparable à celui de 1981, qui avait mené François Mitterrand à la présidence. "On s’attendait à cela, c’est un programme de gauche, mais le problème est que le bouclage financier n’est pas là", d’après l’économiste. "Le danger du PS est qu’il fait un programme comme en 1981. Un virage à gauche peut se comprendre d’un point de vue politique, mais il faut savoir qu’au moment où Mitterrand arrive au pouvoir, on est à 20% de dette publique, donc on peut se permettre cela. Or on n’est plus du tout dans la même situation aujourd’hui".

Moins coûteux qu'en 2007. Concernant le coût de son projet, le Parti socialiste s’est exprimé lundi. Avec la suppression progressive de tous les "cadeaux fiscaux" de la droite, couplée à une "sélectivité dans les priorités de dépenses", le parti estime qu'il disposera d'une marge de manoeuvre de cinq milliards par an, soit aux alentours de 25 milliards sur la législature pour financer ses propositions.

Le coût est par ailleurs inférieur au projet de 2007, qui avait été estimé, trois mois avant le scrutin, à près de 36 milliards d'euros.