Chômage : une stabilisation mais…

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Thomas Morel et Olivier Samain , modifié à
LE POINT DE VUE DE - L'économiste Mathieu Plane redoute une rechute prochaine.

• Le chiffre : 300. C'est à une quasi-stabilisation qu'on a assisté en décembre. Le nombre de chômeurs n'a grimpé que de 300 pour atteindre 3.132.900. Une hausse très faible, au regard des mois précédents : en novembre, le ministère du Travail avait ainsi dénombré 29.000 nouveaux demandeurs d'emploi.

Dans le détail, ce sont les seniors qui payent, cette fois encore, le plus lourd tribut, avec près de 9.000 nouveaux chômeurs. "C'est une relative surprise, on était sur des moyennes de 35.000 chômeurs supplémentaires par mois depuis l'été 2012", reconnaît Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, au micro d'Europe 1

• Avant tout des radiations. Malheureusement, cette stabilisation ne s'explique pas par un redémarrage du marché de l'emploi. Pôle Emploi note deux phénomènes : d'une part, les inscriptions au chômage pour cause de licenciement économique continuent de croître, de 9,2 % en décembre. Et dans le même temps, le nombre de radiations administratives décollent en flèche : plus de 24 % en décembre. Un chiffre que Pôle Emploi lui-même qualifie d' "inhabituellement fort". En clair, les chômeurs ne retrouvent pas plus d'emploi qu'avant.

• "La conjoncture reste dégradée". De l'avis de tous, cette stabilisation est moins due à une reprise du marché du travail qu'à un évènement ponctuel. Comme l'explique Mathieu Plane, économiste à l'OFCE : " La conjoncture reste très dégradée, les plans d'austérité maintiennent la consommation et l'investissement à un niveau faible, on n'a pas d'espoir du côté des exportations car nos partenaires européens sont dans la même logique de baisse des déficits". Autant de facteurs qui justifient des perspectives négatives pour le marché du travail dans les mois à venir.

D'autant que le gouvernement manque de marges de manœuvre pour pouvoir réellement influer sur le chômage. "Même si le gouvernement met en place des politiques de l'emploi, les marges de manœuvres budgétaires sont tellement réduites qu'il ne peut qu'absorber la hausse du chômage mais ne peut pas inverser la tendance", constate Mathieu Plane.