Chine-UE : une trêve qui ne règle pas tout

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Sophie Amsili , modifié à
Un accord a été trouvé sur les panneaux solaires. Mais il est loin de satisfaire les fabricants européens.

L'accord. Pékin et Bruxelles enterrent la hache de guerre : les deux puissances commerciales ont annoncé ce week-end être parvenues à un accord sur l'importation de panneaux solaires chinois, un conflit qui empoisonne leurs relations depuis l'automne 2012.

Les Européens ont tiré les premiers en lançant une enquête sur des pratiques anticoncurrentielles sur les panneaux solaires chinois, suivie par une avalanche de procédures similaires sur le secteur des tubes sans soudure (de la part de la Chine), sur la vaisselle chinoise en céramique et les télécoms mobiles (de la part de Bruxelles) et enfin sur des produits chimiques dérivés du chlore et surtout sur le vin (par la Chine) lorsque l'UE a confirmé une taxe sur les panneaux solaires chinois qui devait entrer en vigueur le 6 août.

L'accord signé ce week-end doit donc enrayer ce cercle vicieux. "Je souhaite qu'il permette, en retour, que les autorités chinoises mettent fin à l'enquête antidumping lancée sur le vin européen", a déclaré la ministre française du Commerce extérieur Nicole Bricq, précisant toutefois qu'elle "attendait de connaître les termes exacts de cet accord".

Un prix contesté par les fabricants européens. Bruxelles et Pékin sont en effet restés discrets sur les détails de l'accord. "Les deux parties ont convenu d'un prix minimum pour les panneaux solaires chinois importés", s'est contenté d'indiquer le commissaire européen chargé du Commerce Karel De Gucht dans un communiqué. Mais l'agence Reuters, le Figaro et les Echos rapportent le prix de 0,56 euro par watt de puissance produite et d'importations chinoises plafonnées à 7 gigawatts par an.

Sauf que ces dispositions sont loin de satisfaire les fabricants européens : les taxes qu'avait annoncé Bruxelles sur les panneaux solaires chinois s'échelonnaient entre 37% et 67%, soit une moyenne de 47%. Or, le prix de 0,56 euro "traduit une hausse de 40% sur les panneaux chinois de la pire qualité" et "aucune hausse par rapport aux prix pratiqués aujourd'hui par les plus grands producteurs chinois", calcule le quotidien Les Echos. De plus, le plafonnement à 7 gigawatts, soit 60% du marché européen, risque d'être interprété par Pékin "non pas comme un appel à la modération mais comme une part de marché acquise de droit", souligne Le Figaro.

L'accord "ne représente pas les intérêts de l'industrie européenne", a aussitôt dénoncé EU ProSun, le groupement de fabricants européens de panneaux solaires. Estimant que "la réglementation européenne sur le commerce était violée", EU ProSun a annoncé qu'il allait engager des poursuites devant le juge européen à Luxembourg.