Ce qui se joue derrière la crise du lait

Les producteurs de lait manifestent leur mécontentement lors de la crise du lait.
Les producteurs de lait manifestent leur mécontentement lors de la crise du lait. © MAXPPP
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Marion Sauveur , modifié à
La crise du lait fait parler d’elle depuis plus d’un an. Pourquoi ? Décryptage d’Europe1.fr.

Encore une fois les principaux acteurs du secteur laitier se déchirent. Les principaux syndicats agricoles doivent se réunir mercredi afin de décider des prochaines actions pour protester contre l'échec des négociations du prix du lait avec les industriels. Europe1.fr fait le point sur cette crise du lait.

Qui ? Tous les professionnels du secteur laitier sont concernés. Les producteurs de lait d'un côté, les coopératives laitières qui servent d'intermédiaires pour les petits producteurs, et les industriels qui transforment le produit final.

Quand ? Le conflit a débuté lors de la baisse du prix du lait en 2008, et s’est accentué l’année suivante.

Pourquoi ? En 2008, les exportations de lait ont chuté en raison de la crise économique. Dans le même temps, la production laitière n’a cessé d’augmenter. Car les éleveurs de lait ont ainsi été contraints de suivre les quotas laitiers fixés par l’Union européenne. Conséquence : les deux événements cumulés ont entraîné une situation de surproduction.

Les prix se sont effondrés et ils ont été obligés de vendre leur lait à perte. Au plus fort de la crise, le prix du lait a atteint 200 euros seulement la tonne, avant de remonter à 295 euros au deuxième trimestre 2009.

Quelle solution ? Pour faire face à cette crise endémique, un accord a été signé en avril 2009 entre les syndicats des producteurs laitiers, les industriels du secteur et le gouvernement, pour mieux encadrer le niveau de prix du lait. Ce coût de revient est ainsi calculé tous les trois mois.

Mais le texte ne satisfait pas l’ensemble des producteurs laitiers. Ils réclament plus de moyens financiers.

Et l’Etat ? A la suite de l’accord passé le 3 juin 2009, un plan d’urgence d’aide aux producteurs laitiers a été débloqué fin octobre. Pour les exploitants en difficultés, un milliard d’euros de prêts à taux réduits ont été accordés, ainsi que 650 millions d’allègements de charge sur 2009 et 2010. Pour sa part, la Commission européenne a débloqué 280 millions d’euros.

Et aujourd’hui ? Depuis le mois de juin, les producteurs de lait et les industriels n’ont pas réussi à s'entendre sur le prix du lait du troisième trimestre 2010. Les producteurs réclament 330 euros du prix moyen pour une tonne de lait, mais les industriels ne veulent pas dépasser en moyenne 313 euros.

"Ce sont unilatéralement les acheteurs qui fixent le prix d'achat aux producteurs", a déploré Olivier Beaufils, producteur de lait à Montréjeau, en Haute-Garonne.

Les industriels estiment qu’en raison de la concurrence internationale - et principalement des prix bas du lait allemand -, il n’y a aucune raison de "surpayer" le lait français. Et ce, même si les producteurs de l’Hexagone justifient cette différence de prix en insistant sur la qualité.

Quel risque pour le consommateur ? Malgré les variations du prix du lait, les baisses et les hausses ne sont que très peu répercutées dans les points de vente et restent assez stables.

Par contre, les Français risquent de voir disparaître des rayons certains produits, comme la Vache qui rit, le camembert Président et Caprice des dieux. Car certains producteurs appellent à boycotter des marques des industriels.