Casse sociale redoutée chez Goodyear

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Thomas Morel, avec agences , modifié à
La direction du groupe pourrait annoncer mercredi la fermeture de l'usine d'Amiens.

La liste des plans de licenciements français pourrait bien s'allonger encore dans les jours à venir. Selon une information du Monde, le fabricant américain de pneumatiques Goodyear pourrait en effet annoncer mercredi la fermeture de son usine d'Amiens-Nord, qui emploie 1.250 personnes. En cause, la chute de la demande de pneus en Europe.

• Des précédents à Amiens. Pour l'heure, la direction se refuse à tout commentaire, et renvoie au Comité d'entreprise de mercredi. Mais les salariés, qui se souviennent des précédents, sont sur leurs gardes. Ce n'est en effet pas la première fois que l'usine d'Amiens est menacée : en 2009, déjà, la direction avait tenté d'imposer un plan de licenciements. Mais les syndicats, avec l'appui de la justice, avait obtenu l'invalidation de ce plan. Goodyear avait ensuite trouvé un repreneur pour le site, l'Américain Titan, qui proposait de reprendre 500 salariés. Mais là encore, faute d'entente avec les syndicats sur un plan de départs volontaires, le projet avait capoté.

Fin-du-blocage-de-l-usine-Goodyear-d-Amiens-sud

• "Il n'y aura pas de fermeture". Les syndicats, très remontés, se disent en tout cas prêts à reprendre la lutte. "Il y aura peut-être un projet de fermeture, mais il n'y aura pas de fermeture", menace ainsi Mickaël Wamen, délégué CGT de l'usine. "Il y aura des actions. Cela fait cinq ans que Goodyear n'a pas licencié un seul salarié. On va faire ce qu'on a fait depuis le début. On a déjà démarré plusieurs actions en justice", ajoute-t-il encore.

• "Pas d'autres repreneurs". De son côté, le gouvernement s'inquiète de la situation de Goodyear. "C'est une entreprise en difficulté depuis 2008. On était sur le point en juin dernier d'avoir un repreneur, l'Américain Titan. Mais l'accord n'a pu se conclure et on est de retour à la situation de départ", explique-t-on à Matignon. " Il y a eu un échec du dialogue social. Nous essayons de renouer le dialogue entre l'entreprise, les syndicats, le repreneur mais la situation est assez incertaine à ce stade", explique-t-on encore, ajoutant qu'il n'y existait guère d'alternative.  "A ce stade on voit pas revenir d'autres repreneurs."

• Demande à la baisse. Le fabricant subit de plein fouet la crise qui frappe le secteur automobile. Avec une baisse des ventes de voitures de 14 % en 2012, la demande de pneus est en chute libre. Goodyear a ainsi révélé, pour le troisième trimestre 2012, une baisse de sa rentabilité de 23 %. Conséquence, l'usine d'Amiens tourne au ralenti. "En octobre-novembre, ils ont encore baissé la production. Certaines personnes sont employées seulement pour 2 heures-2 heures 30", raconte ainsi Francis Dudek, un des "anciens" du site, qui travaille dans la maintenance.