Casino accusé de monopoliser Paris

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avec AFP , modifié à
Le groupe de supermarchés est pointé du doigt par l'Autorité de la concurrence. Et se défend.

Vivre à Paris coûte cher et ce n’est pas qu’une question de logement : l’alimentation y est aussi plus coûteuse que dans le reste de l’Hexagone. Les prix devraient pourtant être tirés vers le bas puisque la région parisienne concentre près de 12 millions d’habitants. Sauf que les règles de la concurrence ne s’appliquent pas vraiment : le groupe Casino est en position dominante et constitue un "obstacle à la concurrence", a dénoncé mercredi l'Autorité de la concurrence.

Le groupe contrôle 60% des magasins

De prime abord, les seuls supermarchés Casino ne sont pas si nombreux dans Paris intramuros. Mais le groupe Casino, ce sont aussi les enseignes Monoprix, Franprix et Leader Price. Le groupe détient donc plus de 60% des surfaces de vente.

L'Autorité de la concurrence considère donc que "la position aujourd'hui détenue par cet opérateur sur le marché parisien de la grande distribution à dominante alimentaire constitue un obstacle à la concurrence". Casino n'a pas tardé à réagir, contestant les chiffres avancés : son chiffre d'affaires à Paris n'excède pas 38,5% de parts de marché, affirme le groupe.

Un constat mais pas de sanctions

L'Autorité de la concurrence n’en est pas à son premier avertissement, mais ses alertes ne sont suivies d’aucune sanction, et pour cause : le régulateur le reconnaît, "il ne dispose pas de réels moyens d'intervenir". Le régulateur ne peut donc que formuler des propositions pour améliorer la situation, en espérant que les autorités politiques prendront le relais, faute de quoi cette situation de quasi-monopole "paraît difficilement réversible".

Deux pistes pour casser ce quasi-monopole

Pour renforcer la concurrence, l'Autorité recommande deux solutions. La première consiste à supprimer une règle aujourd’hui incontournable : la procédure d'autorisation administrative pour les commerces de plus de 1.000 mètres carrés. En clair, tout supermarché souhaitant s’installer à Paris dans un local dépassant cette surface doit entamer un marathon administratif si dissuasif que les grands supermarchés et hypermarchés préfèrent s’installer à la périphérie de la capitale.

L’Autorité de la concurrence souhaite aussi disposer d’un autre outil de dissuasion, "l’injonction de cessions de magasins", c’est-à-dire obliger un groupe en position trop dominante à vendre certains de ses magasins pour renforcer la concurrence. Une piste que défend également la ville de Paris, qui "souhaite qu’une loi soit votée dès la prochaine législature pour renforcer les pouvoirs de l’Autorité de la Concurrence, et lui donner les moyens (...) d'obliger l’acteur économique en situation de position dominante à céder une partie de ses actifs".