Carrière : "l'argent a d'abord été un outil avant d'être un maître"

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INTERVIEW E1 - "L'argent ça se compte et quelques fois ça se raconte. En effet, j'avais un compte à régler parce que, je suis comme vous, peut-être, je n'ai rien compris à ce qui s'est passé à ce qu'on m'a dit après la crise de 2008", a déclaré l'écrivain et scénariste Jean-Claude Carrière, invité d'Europe 1 jeudi matin et auteur de l'ouvrage L'argent.

"L'argent a d'abord été un outil avant d'être un dieu ou un maître, quelque chose pour servir aux échanges entre les hommes et les femmes. Et puis tout le monde est ravi quand il reçoit de l'argent. Quand il arrive à la maison, il est le bienvenu. Et pourtant, beaucoup de gens en ont dit du mal, et récemment encore, Romano Prodi, l'homme politique italien l'a appelé "l'excrément du diable". Comment se fait-il que cette chose si bienfaisante, que nous recherchons tous, soit maudite par tant de voix et dans beaucoup de cultures et de civilisations depuis longtemps ? C'était une question que je me suis posé", a-t-il poursuivi.

"Peu à peu, il est devenu un personnage inséparable de notre vie, puis un dieu - Shakespeare a été le premier à le dire dans un texte célèbre repris par Marx dans "Le Capital". Et ce dieu se serait apparemment évanoui, aurait disparu, serait devenu abstrait, virtuel. Par exemple, le dernier avatar de l'argent qu'est le chèque, on ne s'en sert guère plus qu'aux Etats-Unis et en France. Dans un pays comme l'Iran, on va au cinéma ou au supermarché avec son téléphone portable. L'argent a physiquement disparu. Ça, ça me fascine", a ajouté Jean-Claude Carrière.