Carlos Ghosn arrêté : "C'est la fin du règne d'un monarque absolu"

Carlos Ghosn a été arrêté et entendu par la justice japonaise pour des soupçons de fraude fiscale.
Carlos Ghosn a été arrêté et entendu par la justice japonaise pour des soupçons de fraude fiscale. © TORU YAMANAKA / AFP
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Loïc Dessaint, directeur général de Proxinvest et spécialiste de l'industrie automobile, estime que l'arrestation de Carlos Ghosn va contraindre l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi à revoir son organisation de fond en comble.
INTERVIEW

L'industrie automobile est sans dessus dessous : Carlos Ghosn, le patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a été arrêté lundi à Tokyo. La justice nippone le soupçonne d'avoir minoré son salaire dans ses déclarations au fisc ainsi que d'abus de biens sociaux. Un coup de tonnerre sans précédent qui va obliger le groupe automobile à revoir sa gouvernance. "L'alliance a une organisation complexe qui tient ensemble par le biais d'une concentration des pouvoirs dans les mains de Carlos Ghosn. C'est la fin du règne d'un monarque absolu", estime Loïc Dessaint, directeur général de Proxinvest, agence de conseil aux investisseurs, invité du Grand journal du soir d'Europe 1, lundi.

Trop de pouvoir pour un seul homme. Pour ce spécialiste du secteur automobile, l'alliance franco-japonaise va désormais devoir "retrouver une gouvernance plus normale". Des propos qui font écho à ceux tenus par le PDG de Nissan après l'arrestation du dirigeant franco-libano-brésilien, qui occupe la place de président du conseil d'administration du constructeur. "C'est un problème que tant d'autorité ait été accordée à une seule personne", a déclaré Hiroto Saikawa lors d'une conférence de presse. "Je dois dire que c'est un côté obscur de l'ère Ghosn", et, "à l'avenir, nous devons nous assurer de ne pas nous appuyer sur un individu en particulier".

Faut-il pour autant s'inquiéter pour l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi ? "Elle va perdurer", est persuadé Loïc Dessaint. "J'entend un message positif de Nissan, le PDG a démontré sa volonté de continuer, d'aller de l'avant", ajoute-t-il. Ce ne sera pas une mince affaire pour autant. "Les Japonais ont conscience qu'ils contribuent très positivement à cette alliance mais tout le monde devra mettre la main à la pâte, notamment l'État français", actionnaire majoritaire de Renault, juge le directeur général de Proxinvest.

Tourner la page Carlos Ghosn. Quant à Renault, les remous de l'affaire Carlos Ghosn, PDG de la marque au losange, vont forcément avoir des conséquences en France. "C'est très rare de voir un dirigeant de multinationales arrêté, il faut s'en rendre compte. Maintenant, le conseil d'administration de Renault va se réunir. Il faut tourner la page Carlos Ghosn dans le respect des autres partenaires de l'alliance", explique Loïc Dessaint, qui tient aussi à rassurer les "petits" actionnaires : "Le cours de Renault a beaucoup baissé aujourd'hui, il a perdu 1,5 milliard de capitalisation boursière, mais il ne faut pas particulièrement s'inquiéter".