Les automobilistes Français ont déboursé des sommes record pour remplir leur réservoir de carburant. C’est ce que rapportent les statistiques mises à jour chaque semaine sur le site du ministère du Développement durable. Le prix moyen d'un litre de gazole s'est élevé en moyenne à 1,34 euro depuis le début de l'année, contre 1,15 euro l'an dernier, soit 16% de hausse. Le tarif du super sans plomb 95 est, lui, passé à 1,50 euro en moyenne contre 1,35 euro en 2010, soit l’équivalent de +11%.
Dans les deux cas, ces moyennes annuelles ont battu les précédents records datant de 2008, lorsque les cours du brut étaient à leur plus haut niveau, frôlant brièvement 150 dollars le baril. Cette année-là, le litre de gazole coûtait en moyenne 1,27 euro, et celui d'essence 1,35 euro.
Le printemps arabe en cause
Comment expliquer ces hausses ? Principal motif de cette envolée : le printemps arabe, qui a fait grimper les cours du pétrole brut. Le marché pétrolier s'est retrouvé pendant plusieurs mois privé de la production libyenne avant la chute du colonel Kadhafi. Et ce, alors qu’elle était d'environ 1,6 million de barils par jour - dont environ 1,3 million exportés. Ensuite, est venue s'ajouter la crainte de troubles dans la péninsule arabique.
Contrairement à 2008, où les prix du pétrole, après avoir flambé au premier semestre, s'étaient brutalement retournés à l'automne avec la chute de Lehman Brothers, les prix de l'or noir se sont maintenus durant toute cette l'année dans une fourchette très élevée. Le pétrole est resté autour de 100 dollars pour le brut new-yorkais et de 108 dollars pour le Brent, coté à Londres.
Et les groupes pétroliers ?
Mais la flambée des prix à la pompe observée cette année n'a pas manqué d'alimenter les polémiques récurrentes sur les marges et les profits des groupes pétroliers et des détaillants. Le mois dernier, l'association UFC-Que Choisir avait ainsi dénoncé une envolée de près de 30% en sept ans des marges brutes des stations-services.
Toutefois l'Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP), qui représente le tiers des stations-services françaises, s'est défendue. Elle a assuré que les bénéfices des pompistes tendent au contraire à reculer et tournent actuellement autour d'un demi-centime par litre, en raison d'une hausse des frais d'exploitation et d'une vive concurrence.
Une baisse des prix en 2012 ?
En 2012, la tendance pourrait se calmer. C’est en tout cas ce que croit savoir le président de l'Union Française des Industries Pétrolières (Ufip). "Hors risque géopolitique, on a plutôt tendance à voir des pressions baissières sur le prix du brut. D'une part, parce que la crise économique européenne risque de se propager et d'avoir un impact sur l'ensemble de l'économie mondiale", et d'autre part, parce que l'offre pétrolière devrait bien se porter, a estimé Jean-Louis Schilansky.
Un site pour mieux se repérer
Pour mieux s'y retrouver dans la jungle des tarifs, qui varient énormément selon les stations, Bercy a lancé à la mi-décembre une version modernisée du site Prix-carburants. Il permet de consulter en temps réel les prix pratiqués dans 10.000 points de vente. Une version pour téléphone portable, qui donnera les prix des stations les plus proches, devrait voir le jour en janvier.