Budget européen : Londres pourra payer plus tard (et cela agace)

David Cameron
David Cameron © REUTERS
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avec AFP , modifié à
EUROPE - David Cameron s'est vu accorder un délai pour payer les 2,1 milliards que la Grande-Bretagne doit à Bruxelles. Une faveur qui exaspère...

Les Européens ont accordé vendredi à la Grande-Bretagne la possibilité de payer plus tard la rallonge de 2,1 milliards d'euros au budget européen pour 2014. Après un chantage effectué par David Cameron, l'Angleterre se voit accorder le droit de payer après les élections générales de mai 2015 .

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Le chantage de Cameron a payé. "C'est un réel succès", s'est félicité le ministre britannique des Finances George Osborne en commentant l'accord négocié avec ses homologues européens à Bruxelles. "Nous avons obtenu de payer en deux fois au cours de la seconde moitié de l'année prochaine. Et si des erreurs sont constatées dans le calcul de l'ajustement, l'argent nous sera rendu", a-t-il expliqué. Le montant de l'ajustement devait initialement être réglé le 1er décembre 2014 sous peine de pénalités.

Le Premier ministre britannique obtient ainsi l'essentiel de ce qu'il voulait. Il a pour cela exercé jusqu'au dernier moment une énorme pression sur les négociations. "J'ai donné une réponse claire: nous ne paierons pas ces 2,1 milliards d'euros le 1er décembre et je n'ai pas l'intention de payer un tel montant", avait-il réaffirmé dans la matinée depuis Helsinki.  "J'espère que cela pourra être accepté par nos partenaires. Sinon nous aurons un grave problème", avait-il menacé.

Bruxelles-plus-optimiste-pour-2009

La France gagne une ristourne d'un milliard. Les demandes de rallonges découlent d'une révision des PIB effectués par les États membres eux-mêmes à l'été. La correction pour 2014 porte, au total, sur 9,5 milliards d'euros, "un montant inédit", a souligné une source européenne. Les autres pays débiteurs, dont les Pays-Bas, qui devront régler un supplément de près de 700 millions d'euros, bénéficieront du même échelonnement. D'autres sortent gagnants, au premier rang desquels la France. Avec une contribution annuelle au budget européen de 20 milliards d'euros, elle décroche une ristourne de 1 milliard en 2014, déjà prise en compte par Paris pour faire avaliser son projet de budget 2015.

"Insupportable Cameron". "Tout le monde avait un intérêt à cette opération. Les Britanniques peuvent payer après leurs élections, les Français obtiennent leur milliard", a commenté une source européenne. Les négociations sur l'ajustement des contributions ont toutefois exacerbé les tensions entre les États, et l'attitude de David Cameron a exaspéré.

"Il est insupportable", a confié un participant au dernier sommet européen fin octobre, lorsque le Premier ministre britannique a mis le sujet sur la table.  Les sommets européens "sont faits pour régler les problèmes, pas pour les amplifier", a insisté le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker en déplorant la décision de David Cameron d'en faire un casus belli. "Le jeu de Cameron est clair. Il refuse de payer quoi que soit avant les élections pour montrer à ses électeurs comment il tient tête à Bruxelles, et s'il est réélu, il paiera, sinon il refilera le dossier aux autres", a affirmé un responsable européen.