Budget de l'UE : la PAC va-t-elle trinquer ?

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Charles Carrasco
L'Europe est divisée sur la baisse du budget de la politique agricole commune. Les agriculteurs sont inquiets.

• Le contexte. C'est l'un des enjeux fondamentaux de l'Europe pour les années à venir. Réunis à Bruxelles jeudi et vendredi, les dirigeants européens doivent, entre autre, se mettre d'accord sur le budget de la Politique agricole commune (PAC). Pas une mince affaire lorsque l'on sait qu'elle représente à elle seule près de 40% du budget européen et que les agriculteurs européens sont inquiets pour leur avenir.

François Hollande sera donc en première ligne étant donné que la France est la première bénéficiaire des aides à destination de l'agriculture. A son arrivée le président a insisté que la PAC, "n'est pas française mais européenne" et "a correspondu à un développement de l'Europe et à un développement de nos échanges".

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• Les propositions initiales. La Commission européenne a proposé de ramener la PAC de 420,6 milliards d'euros pendant la période précédente (2007-2013) à 386 milliards. Le président du conseil européen, Herman Van Rompuy a lui soumis une première proposition aux 27 dirigeants européens qui prévoit notamment de faire passer les aides à la PAC de 390 à 364,4 milliards d'euros, soit une baisse de 25 milliards d'euros.

Les pays divisés. La France, l'Espagne, l'Irlande, la Roumanie, l'Autriche ou le Portugal sont partisans d'un maintien d'une politique ambitieuse de la PAC. A l'inverse, d'autres pays sont davantage favorables à une réduction des budgets, comme le Royaume-Uni,  les Pays-Bas, la Suède, le Danemark ou encore l'Allemagne.

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agriculteur moissons tracteur MAXPPP

• Les trois piliers de la Pac impactés :

- Si le projet de la Commission était validé, les aides directes versées aux agriculteurs passeraient de 286 milliards d'euros à 269 milliards d'euros, soit une baisse de 6%.

- Le second pilier, qui correspond aux aides indirectes, destinées au développement rural, serait lui raboté de 10%.

- Enfin, le fond de gestion de crise ne disposerait plus que de 2,8 milliards d'euros contre 3,9 milliards lors de la période précédente.

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• La "ligne rouge" de la France. Elle défendra bec et ongles la PAC car la première puissance agricole d'Europe est aussi la première bénéficiaire de ses aides (7,7 milliards d'aides par an). Paris pourrait admettre que son budget soit ramené de 421 milliards d'euros sur la période précédente (2007-2013) à 386 milliards, comme le propose la Commission européenne, au nom des efforts de maîtrise budgétaire. Mais il s'agit d'une "ligne rouge", a prévenu le ministre des Affaires européennes Bernard Cazeneuve. En revanche, la proposition d'Herman Von Rompuy a été jugée inacceptable.

Même son de cloche au ministère de l'Agriculture. "Il est très clair que pour nous, les 75 milliards de coupes dans le budget global et 25 à 29 milliards dans celui de la PAC ne sont pas acceptables. D'autant que la PAC est la seule politique pour laquelle les propositions de la Commission européenne étaient déjà en baisse par rapport à la situation actuelle", a martelé le ministre Stéphane Le Foll.

Au total, la France pourrait perdre près de 700 millions d'euros d'aides directes par an. Quant au second pilier, le recul pourrait se chiffrer à près de 120 millions d'euros, soit une baisse de 9% pour la France.

• L'inquiétude des filières agricoles. Les dernières propositions concernant des coupes dans la Politique agricole commune (PAC) sont "totalement inadmissibles", a condamné le président du Copa, Gerd Sonnleitner, représentant les syndicats agricoles européens. Elles auraient "pour conséquence une réduction considérable des paiements directs aux agriculteurs, allant jusqu'à 30% dans certains pays", a-t-il estimé. "On est à la veille de destructions de filières", a prévenu son homologue du Cogeca Christian Pèes, qui représente les organisations professionnelles agricoles européennes, se disant "très inquiet" de voir la politique agricole commune faire les frais des arbitrages budgétaires européens.