Budget : Bercy doit montrer la voie

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Thomas Morel avec Martial You et Aurélie Herbemont , modifié à
Les lettres de cadrage budgétaire pour 2014 ont été envoyées, Bercy doit montrer l'exemple.

Le gouvernement à la diète. Crise oblige, le budget 2014 va connaître un nouveau tour de vis et ce dernier est désormais chiffré : les ministères vont devoir économiser 5 milliards d’euros au total, comme l'annonçait dès mercredi Europe 1. Matignon a en effet adressé vendredi à ses ministres les lettres de recadrage budgétaire et leur demande d'"identifier au total 5 milliards d'euros d'économies nouvelles en 2014".

"Ces économies permettront de garantir le redressement des comptes publics tout en assurant le financement des mesures que nous avons décidées pour renforcer la compétitivité de notre économie, lutter contre le chômage et conforter la solidarité envers les plus démunis", poursuit Matignon. C'est donc un vigoureux effort d'économie de la dépense publique qui s'annonce pour 2014, plus important encore qu'en 2013. A quelle sauce seront-ils mangés ? Jérôme Cahuzac a livré vendredi quelques détails et va montrer l'exemple.

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• Où trouver l'argent ? Difficile d'envisager de nouvelles hausses d'impôts, les contribuables ayant déjà été massivement mis à contribution cette année. En 2014, c'est donc le gouvernement qui mettra la main à la poche. Selon Jérôme Cahuzac, tous les ministères devront aider à trouver ces économies. En premier lieu, ce sont les crédits de fonctionnement qui devraient se voir amputés. Mais, à en croire certains spécialistes du budget à l'Assemblée nationale, les niches fiscales pourraient également connaître un bon coup de rabot, tout comme certaines prestations sociales.

• "Gouverner, c’est choisir". Les ministres vont devoir faire tourner les calculatrices pour trouver ces nouvelles économies mais, promis, à Bercy aussi on se sert la ceinture. "La Direction générale des finances publiques est une très grande et puissante administration à laquelle nous avons demandé, en 2013, une économie de 2.000 postes. Ce n’est pas une mince économie. Je crois même qu’avec Pierre Moscovici (ministre de l’Economie, Ndlr), nous avons même montré l’exemple, nous ne nous sommes pas exonérés de cet effort car personne ne peut l’être", a affirmé Jéröme Cahuzac au micro d'Europe 1. De quoi argumenter auprès des collègues récalcitrants, même s’il ne veut rien imposer aux ministres. "C’est à eux de définir leurs priorités, mais c’est là l’essence même du pouvoir : gouverner, c’est choisir". Dès la semaine prochaine, il rencontrera un à un tous ses collègues. Et, confie le ministre, s’il n’arrive pas à se mettre d’accord avec certains de ses collègues "alors ça se terminera dans le bureau de Jean-Marc Ayrault, qui tranchera."

Un déficit qui se creuse encore. Il y a en effet urgence à tenir les engagements de réduction des déficits publics. La croissance, quasi-nulle cette année, ne devrait pas permettre à la majorité de ramener le déficit sous la barre des 3,5 % et, à en croire la commission européenne, la situation pourrait encore s'aggraver l'an prochain. Pour rassurer les marchés, la France doit donc fournir un effort supplémentaire. "900 milliards de plus depuis 2002, c'est trop", résume le ministre du Budget, taclant au passage la droite, au pouvoir ces dix dernières années.

Jouer la franchise pour sauver les meubles. Dans ce contexte généralisé de baisse des crédits, comment faire pour s'épargner des sueurs froides et sauver les budgets dont on a besoin ? Selon Benoist Apparu, ministre du Logement de Nicolas Sarkozy, la meilleure solution reste la franchise : "Bercy commence à connaître les techniques de bluff. Vous essayer de les avoir une fois, vous n'y arriverez pas deux", explique-t-il pour Europe 1. "Objectivement, ce qui marche le mieux, c'est de démontrer qu'on est de bonne volonté, qu'on a compris qu'il fallait faire des efforts. Si on vient en disant "là, je peux faire des coupes, mais j'ai besoin de préserver telle autre partie, c'est plutôt payant".