Budget 2019 : parmi les nouveaux ministres, qui devra se serrer la ceinture ?

Les arbitrages pour le budget 2019 conduisent à de nombreuses suppressions de postes dans les ministères.
Les arbitrages pour le budget 2019 conduisent à de nombreuses suppressions de postes dans les ministères. © AFP / Montage Europe 1
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avec AFP
Avec le remaniement, huit nouveaux ministres et secrétaires d'État entrent au gouvernement. En plein vote du budget 2019, certains bénéficieront de crédits augmentés, quand d’autres devront se serrer la ceinture.

Emmanuel Macron rebat les cartes. L’Élysée a mis fin au suspense mardi en annonçant le remaniement du gouvernement, très attendu depuis la démission de Gérard Collomb, le 3 octobre. Christophe Castaner, promu au ministère de l'Intérieur, Franck Riester, nommé à la Culture ou encore Didier Guillaume à l'Agriculture, devront reprendre de nombreux dossiers lancés par leurs prédécesseurs. Mais auront-ils les moyens de leur action ? Alors que le projet de loi de finances 2019 est débattu à l’Assemblée depuis lundi, tour d'horizon des budgets des principaux ministères.

Ils gagnent

Avec 1,7 milliard d'euros supplémentaires – pour un budget total de 35,9 milliards, le deuxième plus important –, et 450 emplois créés, le ministère des Armées, toujours tenu par Florence Parly, gagne sur tous les tableaux. Cette hausse, qui vise notamment à renouveler les équipements et à améliorer l'entretien du matériel, s'inscrit dans l'objectif du gouvernement de porter l'effort de défense à 2% du PIB d'ici à 2025.

Avec 313 millions d'euros en plus en 2019, soit 4,5% de hausse et 1.300 emplois créés (dont près de 1.000 dans l’administration pénitentiaire), le ministère de la Justice fait aussi partie des gagnants de 2019. Les crédits alloués à Nicole Belloubet doivent notamment servir à la mise en place d'un "ambitieux programme immobilier pénitentiaire" afin de créer 7.000 places de prison de plus d'ici à 2022.

Dans une moindre mesure, Christophe Castaner et Laurent Nunez, le nouveau duo en charge du ministère de l’Intérieur, peuvent se réjouir : ils bénéficieront de 2.150 emplois supplémentaires l’année prochaine et une hausse de 0,3% du budget des missions "Sécurités". Des crédits censés accélérer la transformation numérique de la police et de la gendarmerie.

Ils sont au régime

D'un point de vue financier, le ministère de l'Éducation nationale récupère un budget en hausse de 850 millions d'euros et demeure largement en tête des ministères les mieux dotés (52,3 milliards d’euros au total). Mais en contrepartie, Jean-Michel Blanquer va voir ses effectifs diminuer de 0,2%, soit 1.800 postes. Dans le détail, 1.900 postes vont être créés dans le primaire mais 3.600 emplois seront supprimés, essentiellement dans le secondaire (collèges et lycées) et dans les services administratifs.

Même constat pour le ministère de la Transition écologique et solidaire, aux mains de François de Rugy depuis la démission de Nicolas Hulot. Si son budget connaît une belle augmentation de 3,1%, à 34,2 milliards d'euros, pour financer par exemple le développement des énergies renouvelables, ses effectifs vont en revanche diminuer de 2%.

Budget 2019 ministères

Enfin, le ministère de la Santé et des Solidarités tire aussi son épingle du jeu, mais indirectement. Le budget de la mission "Solidarité, insertion et égalité des chances", pilotée par Agnès Buzyn, augmente en effet de 1,34 milliard d'euros. Une enveloppe qui concerne surtout les secrétariats d’État chargés des Personnes handicapées et de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Il s’agit de la hausse la plus importante après celle accordée à la Défense. Toutefois, le ministère d’Agnès Buzyn doit supprimer 500 postes dans ses effectifs.

Ils perdent

Avec près de 2.300 postes supprimés, le ministère de l'Action et des Comptes publics est l'administration qui perd le plus d'emplois dans le budget 2019. Les équipes de Gérald Darmanin, qui subissent également une légère baisse de leur budget de fonctionnement (environ 1% sans prendre en compte l'inflation), contribuent ainsi "de manière exemplaire à l'effort de redressement des finances publiques", selon le gouvernement.

Grand contributeur des suppressions de poste avec 1.618 emplois en moins dont 1.385 dans ses opérateurs comme Pôle Emploi, le ministère du Travail de Muriel Pénicaud connaît également une sévère coupe dans ses financements, avec 2,07 milliards d'euros en moins, la réduction de budget la plus importante du projet de loi de finances 2019. Cette baisse s'explique notamment par la prise en charge de contrats aidés pour les élèves handicapés transférée au ministère de l'Éducation nationale et par la fin de certains dispositifs comme la prime à l'embauche dans les PME.

Autre perdant notoire : le ministère des Sports, attribué à Roxana Maracineanu avant le remaniement. Dans une lettre de cadrage envoyée fin juillet, le gouvernement avait prévu 30 millions d'euros en moins pour ce ministère et 1.600 ETP (équivalent temps plein) sur la période 2018-2022. Une pétition et les revendications publiques d’athlètes comme Kevin Mayer et Teddy Riner n’ont pas infléchi la position du gouvernement. L’exécutif assure que le budget est "préservé" mais la baisse de 30 millions a bel et bien été entérinée.

Enfin, avec 1,16 milliard d'euros de baisse de budget, le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales, attribué à Jacqueline Gourault en remplacement de Jacques Mézard, va devoir se serrer la ceinture. Le gouvernement veut faire des économies sur les aides personnalisées au logement (APL) de près d'un milliard d'euros en changeant le mode de calcul de leur versement.