Budget 2015 : pour Bruxelles, le compte n’y est pas

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Isabelle Ory, correspondante d’Europe 1 à Bruxelles, et , modifié à
DÉFICITS - Le budget français n’a pas convaincu la Commission européenne, qui lui demande de revoir sa copie.

L’échéance approche et la pression avec. La Commission européenne doit dévoiler d’ici la fin du mois d’octobre son avis sur le projet de Budget 2015 du gouvernement français. Mais la France sait déjà que la validation de ses comptes va être compliquée : Bruxelles a envoyé mercredi soir à Paris une lettre pour prévenir que le compte n’y était pas et qu’il allait falloir faire quelques ajustements.

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La Commission demande à Paris d’en faire plus. L'exécutif européen dispose depuis un an d'un droit de regard sur les budgets des pays de la zone euro : si ces derniers ne respectent pas leurs engagements - un déficit sous la barre des 3% notamment -, Bruxelles peut leur demander des ajustements. Et la France, qui prévoit un déficit à 4,3% du PIB en 2015 alors qu’elle était censée repasser sous la barre des 3% dès 2013, est naturellement sur la liste.

Dans la lettre qu’elle a envoyée à Paris, la Commission européenne demande des précisions écrites sur le contenu et le calendrier des réformes d’Emmanuel Macron, mais aussi la promesse de quelques économies supplémentaires, d’au moins 4 milliards d’euros.

Des ajustements pour éviter une condamnation publique. La Commission estime en effet que la copie française n’est recevable en l’état : Bruxelles fait des efforts en reconnaissant que la croissance et l’inflation françaises sont quasi atones et est prête à fermer les yeux sur les différences de calculs en elle et Paris, dont les chiffres sont jugés trop optimistes.

Le gouvernement français est donc invité à fournir un effort supplémentaire tant qu’il en est encore temps puisque l’Assemblée nationale étudie actuellement le Budget 2015. Or, d’après un haut fonctionnaire européen, il ne manque pas grand-chose pour que la copie française "atterrisse du bon côté" avant la fin du mois.

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D’autres pays sont concernés. La France peut donc encore éviter d’être publiquement désavouée, ce qui n'est encore jamais arrivé dans l’histoire de la construction européenne. Elle n’est pas seule dans son malheur, puisque Bruxelles a également demandé des "précisions" à l'Italie, l'Autriche, la Slovénie et Malte, mais aussi à la Finlande, qui a déjà revu sa copie et l’a envoyée à Bruxelles. Même si Emmanuel Macron a assuré dimanche qu'il était "sûr" que Bruxelles allait valider le budget français, cela ne se fera pas sans quelques ajustements.

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