Bourses : la "menace" grecque persiste

© REUTERS
  • Copié
, modifié à
Malgré des prévisions de croissance revues à la hausse, les marchés ont continué de chuter.

La crainte d’une banqueroute de la Grèce va-t-elle se diffuser jusqu’en Espagne et au Portugal ? A moins que la crise grecque n’appartienne au passé et que le retour à la croissance soit imminent. Difficile de trancher entre ces deux scénarios, tant les marchés ont été fébriles mercredi.

Si les marchés ont ralenti leur chute, les principaux indices européens sont restés dans le rouge. La bourse d'Athènes a clôturé sur une forte baisse de 3,91%, l'Ibex espagnol a chuté de 2,27%, alors que le CAC 40 a reculé de 1,44%, le Footsie anglais a perdu 1,28%.

La bourse de Lisbonne a enregistré une baisse de 1,52%, celle d'Italie a aussi reculé de 1,27%, tandis que le Dax allemand a perdu 0,8%. Preuve de cette fébrilité, l'euro est tombé à un nouveau plus bas depuis plus d'un an, passant sous le seuil de 1,28 dollar mercredi, à 1,2790 dollar à 23h.

Bruxelles entrevoit une amélioration

Après un mardi difficile pour les places boursières européennes, les marchés avaient retrouvé un semblant de sérénité mercredi matin après la publication, par la Commission européenne, de nouvelles estimations de croissance pour les pays de l'UE et la zone euro en 2010 et 2011.

Selon la Commission, le Produit intérieur brut de la zone euro devrait augmenter cette année 0,9% au lieu de 0,7%, et 1% au lieu de 0,7% pour l'ensemble des 27 pays de l'UE. La prévision a notamment été revue à la hausse pour le Royaume-Uni, avec 1,2% contre 0,6%, mais la Grèce s'enfonce avec -3,0% contre -0,3% précédemment.

Des déficits en hausse

Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a précisé que "le Portugal est déjà en train de prendre des mesures" et que "les autres pays sont dans une situation beaucoup plus solide". Il considère donc qu'"il n'y a pas de risque réel pour la France, ni pour l'Allemagne ou les grands pays européens".

Mais la situation est plus inquiétante pour la Grèce, dont le déficit en 2010 a été revu à la hausse par Bruxelles pour s’établir à 9,3% du PIB. Le déficit du Portugal devrait s’élever à 8,5% du PIB, celui de l’Espagne à 9,8%.

Face à ces inquiétudes, le président de la Commission européenne Manuel Barroso est sorti de sa réserve : "La Commission fera tout ce qui sera nécessaire pour s'assurer que les marchés financiers ne sont pas un terrain de jeu pour la spéculation".

La crainte d’une contagion demeure

"Il existe une menace de contagion sérieuse pour les autres pays de la zone euro et de réactions négatives sur les marchés financiers", a néanmoins déclaré Axel Weber, membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), dans une déclaration au parlement allemand.

"Nos économies sont tellement liées que le risque de propagation de la crise d'un pays à l'autre est très élevé", a renchéri mercredi le ministre finlandais des Finances. L'agence de notation Moody's envisage même de dégrader la note souveraine du Portugal.

Le marché obligataire est donc resté très nerveux mercredi, les taux des obligations d'Etat grecques et portugaises augmentant nettement dans la matinée, ce dernier pays étant désormais considéré comme le potentiel prochain maillon faible. Cette remontée du taux des obligations d’Etat est un signe de défiance des marchés sur la capacité des pays à rembourser leurs emprunts.

En revanche, les rendements espagnols étaient plutôt stables alors que ce pays était mardi en ligne de mire des marchés financiers après des rumeurs selon lesquelles Madrid aurait demandé une aide financière colossale au FMI.