Bienvenue dans un paradis fiscal

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Les révélations du "Offshore leaks" ciblent ces places fortes de l’évasion et de la fraude fiscale.

Le "Offshore leaks".Plusieurs journaux dans le monde ont simultanément publié les noms d'une série de personnalités et de dirigeants ayant placé leur argent dans des paradis fiscaux. Parmi ces individus pointés du doigt figurent plusieurs personnalités de premier plan, dont le président d'Azerbaïdjan, le vice-Premier ministre russe ou encore le trésorier de la campagne de François Hollande en 2012. Mais qu’est-ce qu’un paradis fiscal ?

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• Définition. Si le terme "paradis" est décrit par Le Petit Robert 2013 comme "le lieu où les âmes des justes jouissent de la béatitude éternelle", il en est tout autrement dès qu’on parle de "paradis fiscal". Ce dernier y est défini comme un "pays où la réglementation monétaire, la fiscalité plus souple, est plus favorable que dans le reste du monde". Une souplesse synonyme d’opacité et d’une réglementation très laxiste, voire fictive. En clair, les règles y sont moins contraignantes, les impôts et taxes quasi inexistants et les contrôles très rares.
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A quoi sert un paradis fiscal ? A placer de l’argent qu’on ne souhaite pas domicilier dans son propre pays et ce dans avec plusieurs finalités possibles : effectuer des transferts discrètement, dissimuler des fonds, frauder le fisc ou encore blanchir de l’argent sale. Tant que les spécialistes de ce jeu de bonneteau financier reste dans les limites de la légalité, on parle poliment "d’optimisation fiscale" ou d’évasion fiscale. Lorsqu’on n’y met pas les formes, on passe dans la fraude fiscale.
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De Bermudes à Macao. Les paradis fiscaux les plus connus sont les îles caribéennes dépendant du Royaume-Uni, dont les îles Vierges, les îles Caïman, les Bermudes, ou l’archipel d’Anguilla. Mais la plupart des grandes puissances ne sont pas exemptes de tout reproche, dont les Pays-Bas (Antilles néerlandais), la Chine (Hong Kong, Macao) ou encore les Etats-Unis. Ce pays est d’ailleurs considéré comme l’inventeur de l’optimisation fiscale avec le New Jersey et le Delaware, qui ont instauré une concurrence fiscale dès la fin du XIXe siècle.

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Les paradis fiscaux, c’était pas du passé ? Oui… si on s’en tient aux discours émus des dirigeants politiques après la crise des subprimes, Sauf que pas grand-chose n’a été fait depuis, hormis l’établissement en 2010 d’une "liste noire" de pays jugés infréquentables. Problème : plus aucun pays ne figure sur cette liste, les paradis fiscaux ayant rapidement adopté des mini-réformes à la marge pour la quitter et rejoindre une "liste grise" qui n’entraîne quasiment aucune sanction.

Résultat : rien n’a changé ou presque et l’Europe, qui s’est placée aux avant-postes de la lutte anti-fraude, n’est pas exempte de tout reproche : le Lichstenstein ou Luxembourg n’ont pas été inquiétés, tout comme les îles dépendant du Royaume-Uni. Seules les pratiques de Chypre commencent à peine à faire douter l’UE. Quant à la France, elle reste très amicale avec Monaco et Andorre, pourtant régulièrement pointés du doigt.

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