Bâtiment : les artisans obtiennent gain de cause

Les artisans ont peur de subir les conséquences de la hausse de la TVA pour les rénovations de bâtiment.
Les artisans ont peur de subir les conséquences de la hausse de la TVA pour les rénovations de bâtiment. © MAXPPP
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Damien Brunon et Jean-Baptiste Vanzini , modifié à
COUP DE GUEULE - Un syndicat patronal a lancé mercredi une grande opération pour dénoncer la hausse de la TVA de 3 points. Il a été en partie entendu. 

L’INFO. “Sacrifiés”, voilà le sentiment des artisans face à la politique du gouvernement. L’Union professionnelle artisanale (UPA), un syndicat patronal qui rassemble environ 5.000 syndicats départementaux, a lancé mercredi une campagne de communication brutale sur ce thème là. L’objectif : dénoncer la hausse de la TVA de 7% à 10 % pour les rénovations de bâtiments au 1er janvier prochain. Et il a été entendu.

Un geste pour les artisans. Bercy a donc décidé de jouer l’apaisement, et ce dès mercredi soir. La TVA pour la rénovation thermique bénéficiait déjà du taux le plus bas existant : 5,5%. Il sera étendu, au 1er janvier 2014, aux "travaux induits". Autrement dit, tous les petits à-côtés du chantier de rénovation thermique. Par exemple, quand une personne fera installer des fenêtres avec un double vitrage, elle profitera de la TVA à 5,5% sur la pose desdites fenêtres mais aussi sur la peinture, les plâtres et autres ravalements consécutifs à ces travaux. Avant cette date, le client payait une TVA à 10% sur cette partie du chantier.   

Une mobilisation qui a (vite) porté ses fruits. Affichettes, vidéo, pétition, l’UPA n’a rien laissé au hasard pour lancer sa campagne. A grand renfort de séquences dramatiques, le film qui dénonce la hausse des taxes dépeignait la politique du gouvernement en fossoyeur du commerce de proximité.

Sur un site dédié, le syndicat propose de signer une pétition et détaille ses principales revendications. Baisse des charges des artisans, lutte contre les entreprises low-cost et la concurrence des auto-entrepreneurs, autant de points qui éviteront selon lui d’obliger les artisans à répercuter les coûts “sur les prix qui ne cesseront de croître”.

sacréfiés

3 points de trop. Le principal point d’achoppement reste néanmoins le passage de la TVA de 7% à 10% pour les autres artisans au 1er janvier 2014. Dans son entreprise de peinture à Vannes dans le Morbihan, Céline Josselin s’inquiète ainsi de voir sa liste de clients se vider progressivement. “Il y a quelques années, on avait jusqu’à six mois de visibilité en terme de carnet de commandes. Là, pour les travaux intérieurs, notre visibilité ne dépasse pas Noël”, précise-t-elle, au micro d’Europe 1.

“Avec 3 [points] de plus, vu que le climat est morose, comment est-ce que les clients vont appréhender cette augmentation ? Ils peuvent se dire : ‘si c’est comme ça, nous, on investit plus, on améliore plus notre habitat, on ne fait pas de travaux, on attend de voir ce qui se passe’”, s’inquiète-t-elle.

Un secteur fragile. Il faut dire que l’artisanat n’est pas au plus haut de sa forme ces dernières années. 52.000 entreprises de proximité disparaissent chaque année selon l’UPA : c’est environ six sociétés de l’heure. Le problème, c’est qu’au final, tout cela a un impact direct sur l’emploi. Des PME artisanales qui fonctionnent mal, ce sont des entreprises qui ne recrutent plus. Et quand on sait que le secteur embauche environ 1,3 million de personnes en France, les conséquences d’une faiblesse pourraient impacter fortement le taux de chômage.