Bâtiment : 35.000 emplois supprimés, vraiment ?

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KÉZACO - Le bâtiment a annoncé 35.000 pertes d’emploi. Pourtant, le secteur manque de bras.

La phrase. "Alors que le secteur avait créé 1.700 emplois en 2011, il en a détruit plus de 11.000 au premier semestre 2012. L’année devrait d’ailleurs se solder sur un recul de 35.000 soit, si je peux me permettre cette comparaison, l’équivalent d’un site ‘Aulnay’ par mois, dans une totale indifférence", s'est inquiété mardi  Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment (FFB).

Une question. Malmené par un secteur immobilier en berne, le secteur du bâtiment a tiré mardi la sonnette d’alarme. Pourtant, l’adage veut que le secteur du bâtiment manque toujours de bras. Comment expliquer alors ce chiffre de 35.000 ? Tout simplement parce qu'il ne s'agit pas de "suppressions" d'emploi mais de "pertes" d'emploi.

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Oui, le secteur du bâtiment traverse une mauvaise passe. Contexte morose, banques qui rechignent à accorder des prêts, fin de plusieurs niches fiscales, concurrence croissante des auto-entrepreneurs : la construction encaisse les coups depuis plusieurs mois, ce qui est tout sauf une surprise puisque quand le bâtiment va, tout va… et inversement.

Résultat, "les entreprises ont essayé de conserver au maximum leur effectifs. Il y a eu les départs des intérimaires, des CDD, des sous-traitants et maintenant, malheureusement, elles s’orientent vers une diminution de l’emploi salarié", confirme Didier Ridoret pour Europe1.fr. Il ne s'agit cependant pas que de licenciements : les départ à la retraite sont nombreux, sans compter ceux qui décident de changer de métier.

Mais il continue à embaucher. Si ce chiffre de 35.000 donne l'impression d'une hémorragie sur le front de l'emploi, le secteur du bâtiment n’a pas pour autant arrêté d’embaucher. "Vous pouvez avoir une baisse de l’activité qui vous conduit à vous séparer d’un maçon mais recruter dans le même temps un commercial pour trouver de nouvelles commandes", rappelle le président de la FFB.

Surtout, "il ne faut pas tout voir en noir : il y a 65.000 personnes qui vont entrer dans le métier l’an prochain, il faut qu’on embauche", rappelle Didier Ridoret. Et ce dernier d’ajouter qu’il y a des perspectives : "la volonté exprimée par François Hollande de construire 550.000 bâtiment neuf, le vaste chantier de l’isolation thermique, etc."

Que signifie donc ce chiffre de 35.000 ? Il s'agit de la différence entre les nouveaux arrivants et les partants mais pas de suppressions de poste. Si le secteur a vu ses effectifs baisser, et pas seulement en raison d'une baisse de son activité, il continue néanmoins à embaucher.